Prise en charge de la dépendance

Chacun pour soi, disent 52 % des Français

Publié le 14/05/2007
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LA VIEILLESSE bénéficie d'une bonne image dans la population. Elle signifie expérience et sagesse pour 42 % des Français. Mais elle est aussi associée à une « charge » (23 %), au « déclin » (18 %) et au « handicap » (16 %), montre le quatrième baromètre bisannuel sur « Les Français et le grand âge », réalisé par TNS Sofres* pour la Fédération hospitalière de France (FHF), avec le « Mensuel des maisons de retraite », à l'occasion de la septième édition de Geront Expo, qui se tiendra à Paris du 22 au 24 mai (voir encadré).

Les cadres et les professions intellectuelles dont les revenus dépassent les 3 000 euros mensuels sont plus nombreux à afficher des représentations positives, 88 % contre 78 % en moyenne. Les foyers socialement et/ou économiquement les plus fragiles estiment que la vieillesse est un « poids », dès lors qu'il existe une contrainte financière liée à la perte d'autonomie. Quant aux plus de 75 ans eux-mêmes, leur regard sur leur propre condition est plutôt sombre. Plus que leurs cadets, ils considèrent la vieillesse comme un «signe de déclin» (29 %) et un «handicap» (23 %). Et si 63 % y voient du positif, c'est 15 points de moins que la moyenne des Français.

Pour l'ensemble des personnes consultées, la dépendance et les maladies sont le plus redoutées, par respectivement 40 et 21 %. Une inquiétude plus répandue qu'en 2005, date du précédent baromètre : 7 et 5 points de plus respectivement. Viennent ensuite la solitude et l'isolement, qui sont citées par 15 % des sondés, contre 19 % en 2005. La pauvreté, le manque de moyens financiers, le fait de perdre ses proches, les mauvais traitements sont relégués au second plan, avec moins de 7 % de citations. Les seniors signalent plus que les jeunes la crainte de devoir quitter leur logement, 13 % contre 6 % en moyenne.

Une prise en charge défaillante.

Comme pour justifier cette appréhension du temps qui se réduit, 68 % des personnes interrogées estiment que la prise en charge des personnes âgées par les pouvoirs publics n'est «pas satisfaisante». Soixante et onze pour cent affirment qu'on n'en parle pas assez et 59 % ont le sentiment d'être mal informés sur les dispositifs d'aide et de prise en charge.

Les maisons de retraite apparaissent comme un cadre de vie «imparfait» et «financièrement intolérable». Un Français sur deux en a une «mauvaise opinion» (+11 % en 2 ans) et 41 % une «bonne». Les plus critiques se rangent parmi les 35-49 ans, 56 %, alors que 50 % des retraités n'ont rien à redire. Il est à noter que les personnes qui ont dans leur entourage une personne dépendante (31 % des sondés) sont plus nombreuses à avoir une opinion positive des structures du 4e âge : 46 %, 5 % de plus que la moyenne.

La mauvaise image des maisons de retraite se nourrit de coûts de séjours qualifiés d' «excessifs» (96 %), du nombre de places disponibles jugé insuffisant (86 %) et d'un soupçon de maltraitance (33 %, 5 points de plus qu'en 2005). Les plus jeunes y mettent à contrecoeur leurs aînés à 79 % (+ 3 points) et les personnes âgées elles-mêmes ne souhaitent pas y aller : 87 %.

Les proches prêts à donner de leur temps.

Mais 87 % des Français seraient disposés à consacrer du temps à une personne âgée de leur entourage. Trois sur quatre ouvriraient leur portefeuille pour une aide à domicile et trois sur cinq prendraient un parent âgé chez eux. La responsabilité financière d'une place en établissement ne met d'accord que 44 % des sondés, soit 17 % de moins que lors du baromètre 2005. Et 14 % seraient prêts à recevoir à titre onéreux à leur domicile une personne âgée qu'ils ne connaissent pas.

Quant à choisir entre deux solutions pour financer les dépenses liées à la dépendance chez les personnes âgées dans les années à venir, 32 % seulement optent pour l'augmentation des prélèvements obligatoires (cotisations sociales, CSG), alors que 52 % pensent qu'il faut laisser à chacun la possibilité de souscrire une assurance qui couvre, le moment venu, les frais relevant de la dépendance. Les sympathisants de droite sont 64 % à choisir une telle démarche individuelle et les citoyens de gauche, 42 %.

Au total, commentent les enquêteurs, «on peut faire l'hypothèse qu'une partie des Français considère la dépendance comme un risque aléatoire». Il est vrai que deux sur trois n'ont aucune personne âgée dépendante dans leur entourage proche. En conséquence, une écrasante majorité rejette la prise en charge de la dépendance par la solidarité nationale. Or seulement 28 % disent qu'ils ont les moyens d'aider une personne âgée, et parmi eux 68 % choisissent de payer le coût moyen de 1 500 euros par mois pour une place en maison de retraite.

* Sondage effectué les 11 et 12 avril auprès de 1 000 personnes de 18 ans et plus représentatives de l'ensemble de la population, interrogées en face-à-face à leur domicile.

Geront Expo, salon et forum professionnel

Rendez-vous biennal des professionnels et des acteurs de la prise en charge de la personne dépendante, le Salon Geront Expo-Handicap Expo aura lieu du 22 au 24 mai à Paris Expo (porte de Versailles). Douze mille visiteurs y sont attendus.

Plus de 350 exposants seront présents, représentant cinq grands secteurs : cadre de vie, logistique, hygiène et soins, services à la personne, organisations à but non lucratif. Trois espaces seront dédiés à des animations : le Village mobilité-transfert proposera des mises en situation, des formations, des ateliers pratiques et des démonstrations de matériels ; le Rendez-vous de l'innovation réunira sur un plateau TV des experts et des personnalités (politiques, représentants des institutions, industriels) ; et l'espace Snoezelen permettra de découvrir ce concept d'aide aux personnes fragilisées et dépendantes fondé sur l'utilisation des cinq sens.

Geront Expo, ce sera aussi le forum des professions de la gérontologie et du handicap, organisé par la FHF (Fédération hospitalière de France), avec 16 conférences de formations professionnelles qui devraient réunir plus de 1 400 participants (formation payante dans le cadre de la FPC).

Du mardi au jeudi, de 9 heures à 18 heures. Informations : www.gerontexpo.com.

> PHILIPPE ROY

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8166