« Non à la loi de santé ! » Le message inscrit sur le tee-shirt des 150 cadres confédérés réunis ce week-end dans un club de vacances sur la presqu’île de Giens (Var), était sans équivoque.
Lors de leur traditionnelle université d’été, les médecins libéraux de la CSMF ont exprimé leur ras-le-bol mais aussi leur détermination, à la veille de l’examen au Sénat de la loi de santé qui cristallise la colère de la profession et à un mois des élections professionnelles aux URPS.
« Les troupes sont très remontées, explique le Dr Pierre Lévy, ancien secrétaire général de la CSMF, 40 ans de cotisation au compteur. La loi de santé est l’étendard du mécontentement avec le tiers payant généralisé. Mais ce dont souffrent le plus les médecins, c’est la déconsidération dont ils sont l’objet ».
Texte délétère
Dans ce contexte, l’absence de Marisol Touraine, officiellement pour respecter un principe de neutralité avant le scrutin aux URPS, a été vécue par certains praticiens comme un camouflet et une occasion manquée.
Le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, a ironisé dès vendredi sur cette absence remarquée. « La CSMF s’est tellement opposée à sa loi de santé que la ministre a décidé de ne pas venir, sentant sans doute que nous manifesterions une nouvelle fois notre refus de ce texte délétère pour la médecine libérale, a-t-il affirmé. Cette loi est mauvaise, nous n’en voulons pas ! »
Le patron de la Conf’ a énuméré les motifs du courroux des médecins contre ce texte « écrit par l’hôpital et pour l’hôpital » : étatisation du système de santé, exclusion des cliniques privées du service public hospitalier, démantèlement du métier avec les pratiques avancées, oublié des médecins spécialistes libéraux. La coupe est pleine. « Les médecins en ont marre et oscillent entre colère et fatalisme », confiait dans les travées un généraliste.
Tarifs bloqués, harcèlement...
Illustration de cette tension, une soixantaine de médecins généralistes et spécialistes de la CSMF ont organisé une manif « coup de poing » vendredi devant la CPAM de Toulon contre la loi de santé, mais aussi pour dénoncer le « harcèlement » des caisses. « C’est emblématique, on a voulu nous empêcher de protester avec notre camion devant la CPAM, les médecins ont broyé la barrière », explique le Dr Luc Duquesnel, président de l’UNOF, la branche généraliste de la CSMF.
Le médecin se déclare surpris de la capacité de mobilisation de ses confrères. À Laval, une centaine de généralistes de la Mayenne, excédés par le blocage du C à 23 euros, ont décidé de facturer d’autorité leur consultation à 25 euros à compter du 1er janvier 2016. En Charente-Maritime, des généralistes réquisitionnés de 20H à minuit menacent de « partir en grève ».
Leadership en jeu
En axant sa campagne sur le rejet de la loi de santé et la reconquête tarifaire (avec une consultation qui ne saurait être inférieure à 30 euros), la CSMF espère gagner les prochaines élections professionnelles et conserver son leadership syndical. La compétition est rude avec MG France qui a également entamé un tour des régions et prépare une fermeture des cabinets début octobre. De leur côté, alliés de circonstance, la FMF, le SML, le BLOC et l’UFML multiplient les opérations communes (marche de la santé ce week-end, protestation devant le Sénat aujourd’hui...).
Lors du dernier scrutin en 2010, la Confédération avait obtenu un tiers des suffrages pour l’ensemble des trois collèges électoraux. Rebelote ? « Les mecs ont la pêche, ils sont boostés par la campagne, assure le Dr Patrick Gasser, président de l’UMESPE, la branche spécialiste de la CSMF qui communique massivement à destination de 50 000 médecins avec des fiches thématiques par spécialité. On s’oppose mais on sait aussi être force de proposition, c’est pour ça qu’on est restés les premiers ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature