Décision Santé. Vous avez lancé une pétition contre la grève. Serait-elle un mouvement corporatiste ?
Pr André Grimaldi. On peut répondre par l’affirmative. Cette grève ne défend pas le système de santé, l’accès au soin des patients. Elle se préoccupe d’abord des revenus d’une partie des médecins. Comment justifier l’écart des dépassements pour une même intervention ? Un accord est intervenu avec des syndicats de médecins. Mais ces praticiens refusent toute limitation en ce qui concerne les dépassements. Comment peut-on être conventionné, financé par la collectivité et refuser toute limite ? Cela est choquant, voire contraire à l’éthique médicale.
D. S. Quel est votre regard sur la nouvelle génération d’internes et de chefs de cliniques qui ont lancé le mouvement ?
Pr A. G. Internes et chefs de cliniques connaissent des conditions très difficiles de travail. La conception de l’hôpital entreprise, la gestion commerciale des établissements oblige les soignants au toujours plus. Ce qui retentit sur la qualité des soins et constitue une vrai souffrance au travail. Les médecins sont inquiets comme l’ensemble de la population. Ce sentiment est par ailleurs nourri par des rumeurs comme les entraves supposées à l’installation. Si j’avais été ministre de la Santé, j’aurai d’ailleurs exigé que les médecins conventionnés reçoivent au moins la moitié des patients au tarif de la Sécurité sociale.
D. S. Les internes ne se sont pas opposés à la loi HPST.
Pr A. G. Ils sont concernés par leur avenir personnel. Et n’ont pas une réactivité sur l’ensemble du système de santé. Je m’estime responsable de cet état de fait. D’où le fait que j’intervienne dans le débat. Nous ne faisons pas un métier comme les autres. Je suis attristé de voir le tarif de la consultation comparé à la visite du plombier. Mais ces métiers n’ont rien à voir. La santé est un bien précieux financé de manière solidaire. Ce qui devrait motiver les médecins, ce devrait être d’abord l’intérêt porté à la qualité des soins, aux conditions de travail. Quel dispositif de régulation les médecins en grève proposent-ils ? Dans le même temps, il faut aussi remettre à plat la cotation des actes chirurgicaux. Enfin pour les praticiens qui refusent toute limite, il y a une solution, le déconventionnement.
La seule question qui vaille serait : comment répond-on à l’accès à l’égalité des soins dans notre pays où l’on dépense près de 12% de la richesse nationale pour la santé ?
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