UNE FEMME sur deux souffrira d’une incontinence urinaire (IU), qui altère durablement la qualité de sa vie. Or beaucoup n’en parlent pas, pour différentes raisons : pour elles, ce sujet est tabou, l’incontinence fait partie du vieillissement et/ou les solutions sont absentes. Les médecins doivent donc rechercher activement une incontinence, en parler les premiers (c’est ce que souhaitent ces femmes), pour proposer un traitement, mais aussi écarter l’hypothèse d’un cancer ou d’une infection dont l’incontinence pourrait être le symptôme.
Un diagnostic d’interrogatoire surtout.
En plus du calendrier mictionnel, outil diagnostique et de suivi, l’interrogatoire est déterminant, qui précise le type d’incontinence : d’effort par hypermobilité cervico-urétrale (relâchement des mécanismes de soutien de l’urètre et de la vessie en raison de l’âge ou des grossesses) et/ou insuffisance sphinctérienne (le tonus urétral de base est abaissé, à la suite d’un accouchement difficile par exemple) ; par urgenturie (caractérisée par la perte involontaire d’urines précédée d’un besoin urgent, souvent associée à une instabilité vésicale, c’est-à-dire une contraction involontaire du détrusor) ; ou mixte. Il s’agit dans ce dernier cas de déterminer quelle est l’incontinence la plus gênante pour ordonner la prise en charge.
Un bilan urodynamique est proposé dans un second temps, si le diagnostic du type d’IU est incertain ou s’il est impossible de proposer un traitement de première intention après l’évaluation initiale (d’une IU mixte souvent), en l’absence de soulagement de l’IU après un traitement anticholinergique de première intention (pour les IU par urgenturie), si une intervention chirurgicale est envisagée (IU d’effort). Cet examen indolore (qui nécessite un sondage) permet de vérifier la stabilité de la vessie, sa capacité fonctionnelle et la qualité du sphincter urétral.
Des traitements de première intention.
Outre les conseils « universels » (de modération sur les apports liquidiens, alcoolisés et caféinés notamment), peut-être utile la reprogrammation mictionnelle. Il s’agit d’un traitement comportemental qui permet d’augmenter l’espace libre entre deux mictions et à terme le rétablissement de la continence, dans les IU par urgenturie.
Les différentes techniques de rééducation périnéale (travail manuel intravaginal des muscles du plancher pelvien, biofeedback instrumental ou électrostimulation fonctionnelle), 10 à 20 séances pour commencer, par une sage-femme ou un kinésithérapeute, sont recommandées en première intention pour les IU à l’effort, et en association à la reprogrammation pour les IU par urgenturie et mixtes.
En première intention toujours, avant avis spécialisé, ou après échec d’un traitement comportemental et/ou d’une rééducation, un anticholinergique (qui améliore le contrôle du muscle vésical) peut être proposé aux IU par urgenturie, après que l’on a vérifié l’absence de résidu post-mictionnel à l’échographie et de glaucome à angle fermé. Choisie en fonction de l’âge, la molécule est efficace en 5 à 8 semaines, les effets indésirables (sécheresse de la bouche au premier plan) s’estompant au fil des jours de traitement.
Communication du Dr Florence Cour, service d’urologie, Hôpital Foch (Suresnes).
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