L E taux élevé de césariennes pratiquées chez les femmes de plus de trente ans ne serait pas expliqué par les complications obstétricales ou les risques liés à cette tranche d'âge. En revanche, ce décalage pourrait être étayé par la simple préférence de l'obstétricien ou de la future maman pour ce type d'accouchement. Ce que suggère une équipe écossaise, après une étude rétrospective, dont les résultats sont publiés cette semaine dans le « British Medical Journal ».
L'idée de départ de ces médecins était qu'une proportion croissante de femmes souhaite enfanter à un âge les faisant entrer dans une catégorie à risque par les obstétriciens. Les complications, plus fréquentes, pourraient donc expliquer un nombre plus important de césariennes. Mais cette relation n'a jamais été démontrée. D'où une étude rétrospective conduite par ces médecins Aberdeen.
Les données ont été fournies par la maternité de la région où ont été retenus, parmi les résidentes âgées d'au moins vingt ans, 23 806 accouchements, d'un seul enfant, durant la période 1988-1997. L'analyse a porté sur plusieurs tranches d'âge allant de 30 à 40 ans, lesquelles ont été comparées à un groupe de référence âgé de 20 à 29 ans.
Les connaissances actuelles sur les interventions et complications obstétricales associées à une forte probabilité de césarienne ont été utilisées pour l'interprétation des résultats.
Une très forte relation
Parmi les femmes qui n'avaient jamais eu de césarienne et dont le bébé se présentait normalement, après avoir écarté les facteurs de biais et certaines complications obstétricales dites « pertinentes », les médecins écossais ont retrouvé une très forte relation entre l'âge de la mère et l'indication chirurgicale. En revanche, cette relation était très mince chez les femmes anciennement césarisées ou dont l'enfant se présentait de façon anormale.
« Il est clair que les complications obstétricales retenues dans cette étude ne justifient pas à elles seules le nombre de césariennes », commentent les auteurs. Des causes médicales incluant une altération de la fonction utérine et une mauvaise adaptation pelvienne ont été évoquées. En fait, « il est probable que chez les femmes "âgées", l'indication de la césarienne soit très liée à la préférence du médecin ou de la future accouchée », souligne cette équipe écossaise. Conclusion qui doit, néanmoins, être confortée par d'autres études précisant notamment, le point de vue des femmes en général sur l'augmentation de ce type d'intervention, la fréquence de cette pratique d'un chirurgien à l'autre et l'influence de ces deux analyses sur l'âge de la mère.
Jacqueline S. Bell et coll. - « British Medical Journal » 14 avril 2001 ; vol. 322 : 894-5
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