AEROPORT d'Heathrow, Londres. Un pilote de ligne passe le contrôle de sécurité. Il en a l'habitude. Il vide ses poches, il sait que sa ceinture ne déclenche pas l'alarme des portillons. Pourtant, il « sonne ». Il vérifie ses poches, retire sa ceinture à tout hasard et passe à nouveau sous le portillon. Il sonne encore. Les agents de sécurité l'entraînent dans un bureau pour l'interroger. Tout à coup, il comprend enfin ce qu'il se passe : deux jours auparavant, il était à l'hôpital où il a passé divers examens, notamment une scintigraphie myocardique. Les radio-isotopes qu'on lui a administrés lors de cet examen sont encore présents dans son organisme et c'est probablement la raison pour laquelle il déclenche les alarmes de sécurité. Après de longues tractations, les agents de sécurité de l'aéroport le laissent partir. Quatre jours plus tard, le pilote est de retour à l'aéroport de Londres. Et là, cela recommence : il « sonne » à nouveau...
La Maison Blanche.
Le cas de ce pilote est loin d'être isolé. Les procédures diagnostiques et thérapeutiques qui nécessitent l'utilisation de radio-isotopes sont de plus en plus fréquentes. Elles sont sûres et efficaces, mais elles laissent les patients temporairement radioactifs, donc susceptibles de déclencher les alarmes des aéroports et d'autres lieux placés sous haute sécurité. Ainsi, deux touristes qui avaient subi une scintigraphie au thallium-201 ont été arrêtés par les services secrets américains parce qu'ils avaient déclenché les systèmes de sécurité de la Maison Blanche.
Un long délai après l'examen.
La dose habituelle de radioactivité administrée à un patient lors d'une scintigraphie myocardique est de 80 MBq. La demie-vie du thallium-201 étant de 73 heures et un délai équivalent à cinq demi-vies étant nécessaire à la décroissance de la radioactivité, les patients qui ont subi une scintigraphie au thallium-201 sont théoriquement radioactifs pendant au moins les deux semaines qui suivent l'examen. En pratique, une récente étude indique que trois semaines après l'injection du thallium-201, le niveau de radiation émis par ces patients est toujours suffisant pour déclencher une alarme de sécurité.
Pour Iqbal et coll., il est essentiel que les patients soient clairement informés de ce problème. Après chaque procédure médicale nécessitant l'injection de molécules radioactives, il devrait leur être remis une fiche d'informations indiquant (i) la date, le lieu et la nature de l'examen, (ii) la quantité, la nature et la demie-vie des radio-isotopes injectés et (iii) les coordonnées des personnes à contacter si les autorités souhaitent s'assurer de la véracité de ces informations.
Alors que le recours aux examens scintigraphiques est de plus en plus fréquent et que la sécurité des aéroports est particulièrement renforcée, l'utilisation de ce type de carte pourrait éviter de nombreux interrogatoires inutiles, pénibles pour les voyageurs et synonymes de perte de temps pour les personnels de sécurité.
Iqbal MB et coll. « The Lancet » du 23 juillet 2005, p. 342.
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