« C'est probablement à l'apparition de l'antibiothérapie que l'on doit la découverte du rôle majeur de la flore intestinale endogène dans le maintien d'une bonne santé non seulement de l'intestin lui-même mais aussi de l'organisme en général... » affirme le Pr Philippe Marteau, gastro-entérologue à Paris. Depuis, des recherches sur l'écosystème intestinal ont permis une meilleure compréhension de l'importance de l'homéostasie de la flore intestinale et comment ce système immunitaire intestinal permet la prévention ou l'amélioration des désordres intestinaux. La flore intestinale joue ainsi un rôle dans la digestion mais aussi permet un effet barrière vis à vis des bactéries pathogènes, participe à la régulation et au maintien de l'intégrité de l'épithélium intestinal, et régule les réponses immunologiques aux différents stimuli antigéniques.
Un rééquilibrage possible pour quelques pathologies
Un déséquilibre de la flore intestinale est observé dans certaines pathologies comme le syndrome de l'intestin irritable (SII), les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, les allergies alimentaires et les manifestations d'atopie chez les nourrissons. La preuve de l'efficacité de certains probiotiques par un rééquilibrage de la flore intestinale a déjà été faite dans plusieurs pathologies : une méta analyse portant sur 619 patient (Szajewska et al. 2007) a démontré l'efficacité de Saccharomyces boulardii dans la diarrhée infectieuse de l'enfant. D'autres études ont aussi prouvé son efficacité dans la prévention de la diarrhée au cours d'une antibiothérapie. Dans le SII, une étude contrôlée en double aveugle, portant sur 40 patients suivis pendant quatre semaines (Niedzielin K Eur. J. Gastroenterol. Hepatol. 2001) a montré une réduction de l'inconfort intestinal, des flatulences et de la fréquence des selles avec une prise quotidienne de lactobacillus plantarum. Enfin une étude américaine, publiée dans « Alimentary Pharmacology & Therapeutics » en septembre 2008, a montré que la prise quotidienne de bifidibacterium lactis permet d'améliorer le confort intestinal chez les patientes souffrant d'un SII.
Et les maladies inflammatoires intestinales
Des recherches sont réalisées aussi dans le cadre des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) et un haut niveau de preuve a été trouvé pour l'efficacité d'Escherishia Coli Nissle dans la prévention de rechute de la rectocolite hémorragique (RCH). Des recherches se poursuivent pour découvrir d'autres souches de probiotiques efficaces dans ces indications et l'espoir se tourne aussi vers l'utilisation de probiotiques génétiquement modifiés qui pourront libérer des principes actifs anti-inflammatoires au niveau de muqueuse intestinale.
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