S I la France a honoré Pasteur puis Pierre et Marie Curie sur ses billets, ils n'étaient pas médecins, en dépit du rôle qu'ils ont joué dans les sciences médicales (voir encadré).
En revanche, quatre des douze membres de l'Euroland ont des billets consacrés à de grands noms de leur histoire médicale. Introduit peu après la réunification allemande, le billet de 200 Deutsche Mark (670 F) évoque la figure de Paul Ehrlich (1854-1915), prix Nobel de médecine en 1908, qui a découvert les mastocytes et a été à l'origine du premier traitement efficace contre la syphilis ; les arsénobenzols, dont la formule chimique est inscrite à côté du portrait de son auteur.
Avec deux de ses six billets dédiés à des médecins, l'Autriche est le pays européen le plus « médicalisé » dans ce domaine. S'il s'est intéressé à la signification inconsciente de l'argent, Sigmund Freud (1856-1939) ne se doutait pas qu'il figurerait, et ce depuis 1986, sur le billet de 50 schillings (24 F), au verso duquel se trouve la célèbre académie médico-chirurgicale (Josephinum) fondée en 1785 par l'empereur Joseph II pour former des médecins militaires et qui abrite aujourd'hui l'institut d'histoire de la médecine de l'université de Vienne.
En 1997, le père de la psychanalyse a été rejoint, sur le nouveau billet de 1 000 schillings (480 F), par Karl Landsteiner (1868-1943), prix Nobel de médecine en 1930, qui a découvert les groupes sanguins, puis les facteurs Rhésus.
Malgré sa faible valeur (3,38 F), le petit billet de 1 000 lires saluant l'uvre et la personnalité de Maria Montessori (1870-1952) reste très prisé de nos voisins italiens, qui se souviennent qu'elle a été non seulement la première femme médecin de la péninsule, mais aussi une grande pédagogue, spécialiste de l'enfance inadaptée, dont les méthodes ont été diffusées dans le monde entier.
Enfin, les Grecs, sur leur billet de 10 000 drachmes (200 F), rendent hommage à Georgios Papanicolaou (1883-1962), père de la cytologie moderne, urologue et gynécologue à l'origine du test de dépistage des lésions précancéreuses qui porte toujours son nom. Au verso du billet, une statue d'Esculape et un bas-relief montrant un médecin au chevet d'un malade rappellent la naissance de la médecine dans la Grèce ancienne.
Choisis selon des procédures qui varient d'un pays à l'autre, ces médecins, comme les nombreux artistes qui ornent de très nombreux billets, ont le double avantage, aux yeux des autorités monétaires, d'offrir une personnalité incontestable et d'illustrer une tranche de l'histoire ou de la culture du pays. Dans les portefeuilles des grands voyageurs, ils auront côtoyé des personnages aussi divers que Christophe Colomb, James Joyce, Alvar Aalto, Henri le Navigateur ou le Grand Duc du Luxembourg. Les profanes y auront appris quelques notions d'histoire médicale, de même que les profanes en musicologie auront découvert, en faisant claquer entre leurs doigts le joli billet de 200 F belges (33 F), qu'Adolphe Sax était l'inventeur du saxophone.
Verra-t-on un jour, dans une nouvelle série d'euros, de grands médecins européens remplacer les ponts et viaducs que nous traverserons dès l'an prochain ? En attendant, les amateurs de « billets médicaux » pourront partir à leur recherche dans les vingt-neuf autres pays européens qui conservent une monnaie nationale, voire sillonner le reste de planète.
En France, le 5 F Pasteur et le 500 F Pierre et Marie Curie
La France a honoré par des billets de banque deux très grands noms de la médecine, qui n'étaient pas médecins, mais physiciens et chimistes. En 1966, un billet de 5 F a été consacré à Pasteur, qui figure aussi sur une pièce de 2 F, encore en circulation. L'actuel billet de 500 F, consacré à Pierre (1859-1906) et Marie (1867-1934) Curie, tous deux prix Nobel de physique en 1903 et prix Nobel de chimie en 1911 pour la seconde, évoque la découverte du radium, point de départ de la radiothérapie curative et diagnostique. Comme l'explique la Banque de France, l'actuelle série de quatre billets (de 50, 100, 200 et 500 F) « est fondée sur les grands thèmes qui caractérisent le XXe siècle dans notre inconscient collectif » et répond à l'intérêt des Français pour les sciences et les arts de cette période.
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