LES HÔPITAUX attendent l'attribution des budgets d'Hôpital 2012 (centré sur l'informatisation). Les appels d'offres sont retardés. Les industriels s'en plaignent. Ce qui n'empêche pas les visiteurs des travées du salon HIT (Health Information Technologies, hébergé la semaine dernière par Hôpital Expo) de céder aux tentations de l'innovation.
L'hôpital est supposé bien évidemment être en Wi-Fi (sans fil), ce qui permet d'accéder au dossier patient de partout et au lit du malade.
Très présent sur les stands, le MCA (Mobile Clinical Assistant) de Motion Computing : un équipement sans fil, solide, lavable, avec poignée que l'on peut tenir d'une seule main et que l'on pilote au stylet. Cette ardoise électronique dont le concept a été défini par Intel se présente comme le compagnon de tout soignant au lit du malade. Philips s'apprête d'ailleurs à lancer un concurrent, le CliniScape. La poignée est à l'arrière mais c'est le même principe.
Présentées sur ce terminal, les applications prennent un tour encore plus séduisant.
Orange s'en sert pour son offre « Connected Hospital » qui vient de s'étendre au « Connected Hospital at Home ». Pour un coût de 5 euros par jour, l'opérateur installe en moins de 48 heures au domicile du patient un accès à son dossier qui améliorera la coordination des soins, quelle que soit la structure d'HAD (hospitalisation à domicile) concernée.
Siemens propose Dopasys, avec la saisie manuscrite de la prescription qui s'intègre directement dans le dossier patient. Les médecins apprécient. Vingt contrats signés en quelques mois dont un groupe de cinquante cliniques.
Reconnaissance vocale.
Chez Philips (Speech Recognition systems), la démonstration de reconnaissance vocale, qui, il y a quelques années encore, faisait sourire les médecins, se pratique aujourd'hui avec un micro-oreillette Bluetooth face à la tablette CliniScape. Associé à des outils complémentaires, le logiciel SpeechMagic permet d'enrichir directement le dossier patient en dictant un compte rendu. C'est la première fois que ce concept Interop est présenté en français. Les éléments essentiels (observations, prescriptions, etc.) sont automatiquement extraits du rapport dicté et codés par exemple avec Snomed, une des nomemclatures médicales internationales. Au moment de la prescription, la fenêtre correspondante de la base de données Hoptimal de Vidal s'ouvre d'elle-même, ainsi que les recommandations du Vidal Recos.
Ce sera une manière très pratique d'alimenter le dossier médical personnel. Sur ce thème, il n'y a guère cette année que le GIP-DMP qui ait tenu un stand animé et organisé une conférence.
En attendant le DMP, les industriels travaillent sur les plates-formes régionales développées dans le cadre des appels à projets du GIP. Et intègrent désormais les solutions de messagerie sécurisée exigées par le décret du 15 mai 2007 sur la « confidentialité des données médicales ». Les spécialistes du contrôle d'accès et de la sécurité ont d'ailleurs tous pris un stand. L'objectif est de simplifier aux médecins et à l'ensemble des soignants l'accès au réseau informatique de l'établissement. La solution mise en place au CHRU de Lille en collaboration avec Dictao et le GIP-CPS présente l'avantage d'une carte unique d'établissement (qui sert aussi pour la cantine ou les unités de soins) ayant intégré les certificats CPS (de la carte de professionnel de santé). Pour se connecter sur son espace informatique, l'utilisateur ne s'authentifie qu'une fois par jour en glissant la carte dans le lecteur de carte et n'a plus ensuite qu'à approcher la carte de l'appareil (lecture sans contact). Les CHU d'Amiens, d'Arras, de Nancy et de Grenoble l'ont adoptée.
Également en vedette, les systèmes de géolocalisation par RFID, ces puces à radiofréquences qui servent aussi bien à retrouver un équipement dans un hôpital qu'une personne désorientée, font l'objet de débat. La CNIL (commission nationale informatique et libertés) prépare un rapport sur leur utilisation chez les personnes fragiles. Tandis que Christian Saout, président du CISS (Collectif interassociatif sur la santé), réclame la création d'une nouvelle autorité.
La solution e-learning
Objet d'un des ateliers du congrès HIT 2008, la formation à distance, qui se développe en première année de médecine, touche encore peu d'établissements. Dans certains cas, ce serait pourtant « la » solution. Michel Romero, directeur des soins à l'hôpital Saint-Jean (Perpignan), explique que, face à l'instabilité de la population infirmière (sur 700 personnes à former, de 100 à 160 vont partir chaque année), la réalisation de didacticiels (avec de vrais malades) se révèle en adéquation avec les besoins. L'hôpital s'est équipé d'une salle multimédia et des tuteurs ont été formés. Autre exemple, le site e-Hematimage présenté par le Pr Joël Corberand, du service d'hémato-biologie du CHU de Toulouse. Sa mise en ligne (il ne s'agit que de cas réels) a tellement bien correspondu aux besoins de formation des laboratoires (y compris des techniciens) qu'il est aujourd'hui multilingue (anglais, néerlandais, allemand et polonais) et diffusé dans 34 pays.
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