Le comité permanent des hôpitaux de l'Union européenne (HOPE) consacre un rapport aux coopérations hospitalières transfrontalières (1).
Frontière par frontière, ce document qui ne prétend pas à l'exhaustivité recense les cas où des établissements situés chacun dans un pays travaillent ensemble, de manière formalisée, dans les domaines de l'urgence, de la prise en charge des malades chroniques ou de la télémédecine, partagent des équipements, voire des équipes médicales, mènent des recherches communes...
Que se passe-t-il entre la Belgique et les Pays-Bas, entre l'Autriche et la République tchèque, entre la Lituanie et la Suède, entre la Grèce et l'Albanie, entre la France et l'Espagne... ? Les hôpitaux sont nombreux à se rapprocher à un rythme et selon des modalités extrêmement variables que le rapport de HOPE s'emploie à décrire pour chaque opération citée.
Les premières coopérations ont trente ans
A la frontière franco-belge, par exemple, l'hôpital de Tourcoing et une clinique de Mouscron ont mis sur pied en 1994 un échange de spécialités : la clinique belge prend en charge des malades français dialysés tandis que le centre hospitalier français traite des patients belges atteints de maladie infectieuses. Dans les deux cas, les patients sont remboursés en vertu d'accords signés avec les deux systèmes de Sécurité sociale, belge et français. Les deux établissements étudient la possibilité de travailler ensemble dans le domaine de l'urgence. A la frontière italo-slovène, deux hôpitaux ont acheté ensemble une IRM. Plus de 150 opérations sont répertoriées sur ce modèle. 169, précisément, impliquant 28 pays (le tour d'horizon déborde des frontières de l'Union et prospecte notamment du côté de la Russie), 37 frontières et plusieurs centaines d'établissements.
De son panorama, le comité permanent tire un certain nombre d'enseignements. Il constate tout d'abord que les coopérations hospitalières sont une réalité pour la quasi-totalité des zones frontalières de l'Union, mais qu'elles sont plus ou moins développées. Des raisons historiques, géographiques expliquent les disparités mais aussi des causes économiques. Les hôpitaux des pays émergents pratiquent peu, semble-t-il, la coopération transfrontalière ; à l'inverse, la région Rhin-Meuse est extrêmement active en la matière. Si dans certaines régions, les rapprochements relèvent déjà de la vieille histoire (les premiers projets remontent au début des années soixante-dix), ils correspondent dans la plupart des cas à un phénomène récent (plus des deux tiers des coopérations recensées par HOPE ont débuté au cours des cinq dernières années). Le rapport note que la coopération transfrontalière se heurte à de nombreuses difficultés : le mode de prise en charge des patients étrangers et leur remboursement par les caisses de Sécurité sociale nationales, les barrières linguistiques, les différences d'organisations administratives... Autant d'obstacles auxquels les ministres de la Santé européens sont en train de réfléchir dans le cadre du groupe de réflexion mis en place par la Commission européenne sur le thème de l'amélioration de la mobilité des patients en Europe et qui doit rendre ses conclusions à la fin de l'année.
(1) « Hospital cooperation in border regions in Europe », juin 2003.
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