Solidaires des spécialistes en colère, les coordinations de médecins généralistes le sont assurément. La CONAT (Coordination nationale des généralistes) vient de le rappeler dans un communiqué, en saluant « l'honneur retrouvé du Dr Hamard » (voir ci-dessus), en estimant que l'épilogue de cette histoire n'a été possible que parce que « médecins spécialistes et généralistes réunis » se sont mobilisés. Elle appelle l'ensemble des médecins à poursuivre dans cette voie.
« On est dans la même démarche, affirme le Dr Jean-Marc Rehby, responsable de la CONAT (et président de la branche généraliste de la FMF) ; nous considérons, comme les spécialistes, qu'il n'est pas possible de continuer à travailler de la même façon, d'être assujettis aux caisses, et nous avons envie de fonctionner autrement. »
Si, contrairement à l'an dernier, les généralistes ne sont pas aujourd'hui en première ligne, certains apportent donc leur « soutien » aux spécialistes frondeurs - des omnipraticiens, notamment dans le Finistère, seraient même sur le point de se déconventionner à leur tour. Question de confraternité. Question aussi de défense de revendications spécifiques. Car les coordinations de généralistes ont leur lot de sujets de mécontentement. Et leur insatisfaction est liée, en tout premier lieu, au dossier de la permanence des soins. « Nous avons fait un petit tour de piste, explique le Dr Antoine Leveneur, porte-parole de la CONAT ; dans 90 départements, il y a 90 situations différentes. Localement, les coordinations ont fourni un très gros travail pour sortir de l'ornière, fréquemment avec l'aide des syndicats et du conseil de l'Ordre, et bien souvent avec l'appui des DDASS. Or on se retrouve en butte au financement. Nous sommes étonnés de l'atermoiement ministériel, et stupéfaits que soit ainsi bloqué un problème urgent et crucial. »
Le Dr Rehby enchérit : « Le contexte est original. Un certain nombre de départements ont élaboré tout leur dispositif... et ce sont les médecins qui vont devoir payer pour assurer la permanence des soins ! » Afin d'obtenir des moyens qui, selon elles, doivent être fournis par les pouvoirs publics et par les caisses d'assurance-maladie, les coordinations maintiennent leur « mot d'ordre de grève des gardes et astreintes, dans tous les secteurs où, compte tenu des caractères locaux, le problème de la permanence des soins n'est pas résolu ».
Un système conventionnel « en coma dépassé »
Par ailleurs, la télétransmission - qualifiée de « non optionnelle, non rémunérée, et pénalisante » - reste un gros écueil pour la CONAT, qui appelle donc les généralistes à « poursuivre la grève de la télétransmission ». La RCP (à propos de laquelle la prise en charge par les caisses est rejetée), la FMC, la démographie médicale et le statut social et fiscal du médecin constituent d'autres motifs d'inquiétude de la coordination. Plus largement, c'est le système conventionnel actuel (« en coma dépassé depuis le 10 janvier ») tout entier que la CONAT enterre en demandant « la création d'un nouveau système paritaire conventionnel ».
Sur ce point, l'UNOF (branche généraliste de la CSMF) fait une analyse proche. A en croire le Dr Michel Combier, son président, « les généralistes ne se font plus d'illusion ». Il précise : « Leur espoir d'avoir un plan de carrière pour l'avenir est à nouveau tombé à l'eau. Ils se retrouvent plongés dans une logique complètement archaïque, à l'anglaise, avec des forfaits de prise en charge et pour laquelle on a l'impression que moins les médecins verront les malades et mieux ça sera. Voilà le meilleur moyen de désenchanter la profession ».
Le Dr Combier n'entend pas rester les bras ballants. « Nous allons, explique-t-il, bien occuper le terrain du DE et celui de la liberté tarifaire. Car il y a des actes que les généralistes font tous les jours et qui ne sont pas payés. Il va falloir que les médecins en finissent avec ce genre de sacerdoce. » L'UNOF pourrait, en particulier, lancer une action de responsabilisation du patient avec les certificats d'aptitude sportive.
Du côté de MG-France, le son de cloche est évidemment très différent. Son président, le Dr Pierre Costes, préfère ne pas évoquer une mobilisation des généralistes qu'il n'est pas sûr de constater sur le terrain : « Je laisse aux associations parasyndicales de tous types la responsabilité de leurs affirmations. » En revanche, sur le terrain de la permanence des soins - « un chantier très important et prioritaire pour MG-France » -, il s'oppose ouvertement aux coordinations. Pour lui, « le dispositif de l'astreinte fonctionne » et, s'il y a des endroits en difficulté, c'est souvent la faute des « retards administratifs ». Quant à la garde, elle est en train de « se construire » avec les maisons médicales . « La régulation des appels est ce qu'il reste à mieux organiser », concède le Dr Costes.
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