Le Temps de la médecine :
La mort en face
La certification électronique des décès remplacera la procédure actuelle, une procédure qu'à bon droit Jean-François Mattei qualifie d' « obsolète ». Mais il va falloir patienter pour cela jusqu'au 1er janvier... 2009. D'ici là, chacun des 540 000 certificats de décès établis chaque année devra continuer à être rempli de façon manuscrite par les praticiens, avant d'être numérisé par scanner au Cépi-Dc, l'unité INSERM chargée du traitement des causes exhaustives de décès, installée au Vésinet (Yvelines). Elle collationne les bulletins 7 transmis par les mairies (« le Quotidien » du 3 septembre), qui comportent des informations individuelles sur la personne décédée et en particulier la mention de la cause initiale de la mort.
Les causes de la mort sont répertoriées selon la CIM 10. Cette classification internationale est l'héritière de la première statistique sur les causes de décès élaborée en 1700 à Londres, pour classifier les décès des enfants âgés de moins de 6 ans. Les tables mortuaires comptaient alors treize rubriques : muguet, convulsions, rachitisme, accidents dentaires et vers, naissances prématurées, décès du premier mois, décès de la première enfance, étouffement, variole, varicelle, rougeole et vers sans convulsion.
La nomenclature de Bertillon
Certains de ces éléments nosologiques sont pour le moins datés. En 1855, une nomenclature plus moderne retenait cinq groupes : maladies épidémiques, maladies constitutionnelles générales, maladies locales selon leur localisation anatomique, maladies du développement, maladies conséquences directes d'un traumatisme. Ce travail a servi à Bertillon pour publier en 1893 la première nomenclature internationale des décès.
Depuis 1948, c'est l'Organisation mondiale de la santé qui rédige les CIM. La dixième du genre remonte à 1993 pour sa version anglaise et à 1994 pour sa version française, toujours en vigueur.
Paramétrer la nosologie selon ses 12 000 rubriques réparties en 21 chapitres n'est pas toujours chose aisée. Au CépidDc, les spécialistes de l'INSERM doivent parfois lever des ambiguïtés ou rectifier des erreurs manifestes comme des enchaînements causaux improbables (par exemple, un infarctus décrit comme à l'origine d'une grippe). L'indexation est très précise : on distinguera un diabète à l'origine d'un coma (code E140) d'un diabète avec acidocétose (code E141).
La procédure actuelle est donc aussi complexe que lente et, si elle permet de nourrir les investigations épidémiologiques au long cours, elle prive les autorités de santé public d'un précieux signal d'alarme en temps réel. A contrario, la canicule de la première quinzaine du mois d'août a montré tout l'intérêt qu'un tel signal pourrait présenter. Dans six ans, selon l'amendement adopté par l'Assemblée nationale le mois dernier, ce sera chose faite, le temps d'équiper les sites mairies, hôpitaux et médecins.
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