Utilisés comme facteurs de croissance chez les animaux de ferme depuis plusieurs décennies et largement consommés par l’homme, certains probiotiques pourraient favoriser l’obésité. Le Pr Didier Raoult et son équipe* soulèvent cette hypothèse après une méta-analyse d’études humaines et animales.
Les chercheurs en appellent à des études épidémiologiques réalisées par des instances publiques. « De futures études prospectives ou rétrospectives comparant des personnes ayant consommé régulièrement ces probiotiques à des témoins, sont absolument nécessaires, pour préciser l’impact de la consommation de ces probiotiques sur le poids et notamment sur l’obésité acquise. »
L’équipe du Pr Didier Raoult a commencé à se poser des questions quand elle a obtenu des poulets grands et gros, après leur avoir donné au stade poussin, des Lactobacillus ingluviei. Les chercheurs devaient alors tester ces derniers, suspectés (à tort) de rendre malades des autruches.
Gordon, de son côté, publie des données solides montrant que la composition des microbiotes intestinaux est significativement différente chez les obèses. Avec une présence importante des espèces de bactéries probiotiques utilisées chez les humains pour traiter les diarrhées, mais aussi dans l’alimentation animale pour faire grossir les animaux. Nommés en anglais « growth promotors », des probiotiques ont remplacé dans l’alimentation animale les antibiotiques interdits par la loi européenne.
Gain de poids significatif
Raoult et coll. présentent maintenant une méta-analyse de 82 études publiées dans la littérature sur le sujet, chez les humains et chez les animaux. Les résultats semblent conforter la notion d’un lien entre la consommation de certains probiotiques et la prise de poids.
Ainsi, il semble que l’administration de Lactobacillus acidophilus est associée à un gain de poids significatif chez l’homme et chez l’animal. L. fermentum et L. ingluviei sont associés à une prise de poids chez les animaux. À l’inverse, L. plantarum a été associé à une perte de poids chez les animaux et L. gasseri a été associé à une perte de poids à la fois chez les humains obèses et chez les animaux.
La question est posée. Il importe d’en savoir plus, car L. acidophilus et L. fermentum sont deux espèces différentes, présentes dans des probiotiques et produits laitiers largement commercialisés pour la consommation humaine.
Microbial Pathogenesis, en ligne le 24 mai 2012.
* Unités de recherche sur les maladies infectieuses et tropicales émergentes (URMITE, CNRS/AMU/Inserm/IRD, Marseille).
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