Jusqu'à présent, pour accroître l'espérance de vie, on connaissait, chez la levure, le ver, la mouche, la souris et le rat, la restriction calorique, laquelle permettait également de réduire le risque de cancers et de diverses maladies liées à l'âge. Si l'on en croit les travaux d'une équipe de Harvard (David Sinclair et coll.), un autre moyen permettrait d'arriver au même résultat : la consommation de polyphénols.
Vin rouge et légumes
On sait que Dame Nature apporte des polyphénols ; c'est, par exemple, le cas du resveratrol du vin rouge et des flavones de l'huile d'olive. Ces molécules sont connues pour leurs propriétés anti-oxydantes. Pourtant, leur effet sur l'allongement de la durée de vie de la levure semble indépendant de cette action anti-oxydante ; en fait, elles activent les sirtuines, enzymes déjà connues pour accroître l'espérance de vie de la levure et du ver rond de laboratoire. Les chercheurs de Harvard ont découvert, lors d'un screening des polyphénols, 17 molécules qui stimulent la SIRT1 (une des 7 sirtuines humaines) et la sirtuine de la levure, la SIR2. « La stimulation des sirtuines provoquée par certains polyphénols peut être un effet biologique plus important que l'effet anti-oxydant », estime l'un des auteurs, Konrad Howitz.
Dans ce travail, la molécule la plus puissante a été le resveratrol, qui a permis à la levure d'accroître sa durée de vie de 60 à 80 %. Habituellement, les levures vivent le temps de 19 générations ; là, en présence de petites doses de resveratrol, certaines ont vécu le temps de 38 générations.
Cellules humaines
Sur des cellules humaines, le resveratrol a activé la SIRT1. Le resveratrol a permis à 30 % des cellules humaines traitées par resveratrol de survivre aux rayons gamma, contre seulement 10 % des cellules non traitées.
On sait peu de choses sur la sirtuine humaine SIRT1, en dehors du fait qu'elle inhibe le gène p53 suppresseur de tumeur. Le risque d'une stimulation de cette sirtuine serait donc théoriquement d'induire un cancer. Phénomène qu'on ne retrouve pas, toutefois, avec le régime hypocalorique.
Les auteurs indiquent qu'ils ont commencé des travaux préliminaires chez la mouche et le ver et que les premières observations sont encourageantes. Des études chez la souris sont programmées. Les auteurs explorent des versions synthétiques, les STACs (Sirtuin Activating Compounds), destinées à améliorer l'activité des sirtuines. Ils recherchent également des activateurs endogènes qui pourraient exister à l'état naturel dans les cellules humaines.
« Nature », version on line avancée (http://www.nature.com).
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