CERTAINES SOUCHES d' Helicobacter pylori (HP) pourraient avoir un rôle protecteur contre le cancer de l'oesophage, selon un travail publié par un groupe de chercheurs dans le numéro d'octobre de la revue « Cancer Prevention Research ». L'étude montre que les personnes porteuses d'un HP positif pour un gène nommé cagA ont un risque d'adénocarcinome de l'oesophage pratiquement réduit de moitié.
Farin Kamangar et coll. (université de Téhéran et National Cancer Institute Américain) ont abouti à cette conclusion après l'analyse des résultats de 19 études portant sur l'association entre H.Pylori et des cancers de l'oesophage (adénocarcinome et cancer à cellules squameuses).
Ils avancent différentes hypothèses physiopathologiques pour expliquer leurs observations. «Les souches d'H. Pylori positives pour le gène cagA pourraient entraîner une diminution du risque de cancer oesophagien en réduisant la production acide de l'estomac, avec, en conséquence, une moindre agression physique de la muqueuse de l'oesophage en cas de reflux.» Par ailleurs, ce germe particulier pourrait aussi agir «en provoquant une réduction de la production d'une hormone, la ghréline», que l'on sait être sécrétée par l'estomac pour stimuler l'appétit. Ainsi, la réduction de ghréline «agirait en réduisant l'obésité, facteur connu pour être associé au risque d'adénocarcinome de l'oesophage».
H.Pylori est d'une très grande fréquence, infectant quasiment la moitié des humains présents sur terre. Les progrès sanitaires et en matière d'antibiotiques ont permis de réduire l'incidence des cancers et des ulcères gastriques. «Cependant, alors qu'H. Pylori en général et les souches porteuses de l'antigène cagA en particulier sont devenus moins prévalents, la fréquence de l'adénocarcinome oesophagien a augmenté», remarquent les auteurs. Ils estiment que le déclin d' H.Pylori dans les pays industrialisés peut être responsable, tout au moins pour une part, de cette augmentation de fréquence. Rare autrefois, l'adénocarcinome oesophagien est maintenant responsable de la moitié de tous les cas de cancer de cet organe.
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