PARMI LES RESPONSABLES de la mort subite du nourrisson, il en est un négligé : l'infection à staphylocoque doré. Une équipe australienne a tenté d'en vérifier la place. Par rapport aux décès subits directement en rapport avec une infection, les données statistiques et anatomopathologiques impliquent la bactérie plus souvent qu'on ne le pensait.
Paul Goldwater et coll. (Adélaïde) ont réalisé des analyses post mortem de 130 bébés victimes d'une mort subite (MSN), de 32, d'une mort subite clairement attribuée à une infection (MSNI), et de 33 témoins décédés d'une autre cause, essentiellement accidentelle.
Ensuite, une étude bactériologique a été menée sur des sites anatomiques normalement stériles : sang cardiaque, rate, liquide céphalorachidien. Premier constat, les infections étaient relativement rares chez les enfants accidentés par rapport aux deux autres groupes (MSN et MSNI). Dans ces derniers, les infections étaient plus fréquentes. Elles concernaient 1 bébé sur 5 décédé d'une infection (MSNI) et 1 sur 10 décédés de MSN.
Au sein des agents infectieux impliqués, le staphylocoque doré venait largement en tête de liste. Ce qui n'étonne guère les auteurs, puisque la bactérie est bien connue pour produire une toxine potentiellement létale. À l'inverse, ils relèvent que l'infection de ces sites théoriquement stériles chez un patient est considérée comme le marqueur d'une infection systémique, mais que, chez un bébé victime d'une MSN, elle est souvent négligée.
Reconsidérer les classifications.
La proportion relativement élevée d'enfants porteurs méconnus de la bactérie suggère qu'elle peut avoir été responsable du décès. Toutefois, les différences enregistrées entre les trois groupes n'atteignent pas le seuil de la significativité. De fait, les Australiens n'ont enregistré aucune croissance bactérienne chez 45,4 % des bébés décédés accidentellement, chez 43 % des MSN et 28,1 % des MSNI. Il n'en demeure pas moins vrai, à leurs yeux, que ces résultats doivent faire reconsidérer les classifications des morts subites. Notamment, ils recommandent de prendre l'avis d'un consultant en microbiologie pour confirmer le diagnostic de MSN d'origine infectieuse.
En cas d'infection staphylococcique, la réponse immunitaire associée aux toxines bactériennes déclenche une « tempête » chimique qui submerge le bébé et occasionne le décès.
Arch Dis Child. doi : 10.1136/adc.2007.135939.
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