DE NOTRE CORRESPONDANTE
DIRIGÉE par le Dr Dominique Boisson* l'« Etude de suivi d'une population d'accidentés de la route dans le département du Rhône » (Esparr) va durer cinq ans. Le projet est le fruit d'une collaboration entre les Hospices civils de Lyon et l'Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance transport-travail-environnement (Umrette). Cet intérêt pour la traumatologie routière, partagé par hospitalo-universitaires et chercheurs, avait déjà conduit à la création d'un registre des victimes d'accidents de la route dans le Rhône, en 1995. Unique en France, « il permet d'enregistrer tous les accidentés qui se présentent en consultation ou en urgence, pour préciser un certain nombre de caractéristiques sur l'accident et les lésions », précise le Dr Martine Hours, responsable scientifique d'Esparr et chercheur à l'Umrette.
Mais les accidents de la route génèrent aussi des conséquences graves à long terme, pour l'individu concerné comme pour la société. Jusqu'à présent, elles ont été peu étudiées, et souvent sur des cohortes très petites. Pour s'y atteler, l'équipe lyonnaise a d'abord envisagé de se servir du registre, puis finalement opté pour la constitution et le suivi d'une cohorte : « Il était plus facile de proposer aux gens d'entrer dans un suivi sur cinq ans, juste après l'accident, que d'aller à la recherche des accidentés du registre », estime Martine Hours.
Facteurs de risque.
Au total, 2 600 personnes, soignées dans l'un des 13 établissements référents, publics et privés, du département, vont être incluses dans l'étude et régulièrement suivies. L'impact de l'accident sera étudié sous différents angles : médical, psychologique, social et professionnel. Au final, les chercheurs espèrent pouvoir identifier les facteurs pronostiques des conséquences graves pour les victimes. Ils proposent aussi de comparer les facteurs de risque d'accidents : « On connaît déjà la vitesse et l'alcool, mais on parle également du grand âge, de l'apnée du sommeil, du diabète, du cannabis, sans en savoir grand-chose », observe Martine Hours. Le projet Esparr devrait donc évaluer la répartition de ces facteurs en confrontant les données recueillies à celles d'un groupe de conducteurs témoins, non accidentés. Quant à l'ensemble des résultats attendus, ils devraient offrir la possibilité d'améliorer la prise en charge des accidentés, de réorienter les actions de prévention et d'étudier le coût réel des accidents de la route.
* Service de rééducation et de réadaptation fonctionnelle de l'hôpital Henry-Gabrielle (69).
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