La fameuse « feuille de route » destinée à rétablir la paix entre Israéliens et Palestiniens n'avait pas été plus tôt distribuée aux dirigeants concernés qu'avait lieu un nouvel attentat-suicide et que l'armée israélienne ripostait par une incursion sanglante à Gaza.
Le Hamas, qui a revendiqué l'attentat, a déclaré sans ciller qu'il n'entendait pas nuire à Abou Mazen, le nouveau Premier ministre palestinien. On ne s'attardera pas sur une hypocrisie que Tartuffe lui-même jugerait excessive. Mais l'attentat est doublement grave : non seulement il a fait quatre morts et une soixantaine de blessés (l'incursion israélienne a causé la mort d'une quinzaine de Palestiniens), mais il a été commis par des sujets britanniques d'origine pakistanaise. Le Hamas a donc choisi de s'allier aux cellules terroristes internationales, qu'elles soient dirigées ou non par Al-Qaida.
Il suffit de lire n'importe quel journal français ou étranger pour découvrir qu'aux yeux de l'opinion mondiale l'équation est simple : il suffirait que les Israéliens évacuent les territoires pour que cesse la violence.
Rien n'est plus faux que cette analyse, pourtant acceptée par le plus grand nombre. Pour les mouvements terroristes, la violence est un moyen dont les fins sont politiques : ils ne veulent pas de l'Etat palestinien que leur propose la communauté internationale, ils veulent éliminer l'Etat d'Israël. Or, de toutes parts, les dirigeants israéliens sont invités à négocier en dépit des attentats. On demande donc aux Israéliens de parlementer pendant que meurent leurs concitoyens. Les chancelleries occidentales sont à cet égard exemplaires de l'aveuglement général : elles dénoncent d'une seule voix les attentats, et dénoncent tout aussi unanimement les représailles qui suivent. Il est indéniable que la répression israélienne est féroce ; mais, en même temps, on ne voit pas comment le gouvernement de quelque pays que ce soit pourrait consentir à faire des concessions politiques pendant que ses sujets sont attaqués à la bombe.
Sans doute la tâche d'Abou Mazen est-elle herculéenne ; mais s'il a été l'un des négociateurs d'Oslo, il a été aussi parmi ceux qui, avec Yasser Arafat, ont déclenché l'intifada. Il lui suffit d'évaluer le résultat rapide de ce choix : la Palestine est ravagée, ruinée, et elle a perdu au moins deux mille cinq cents âmes. Elle n'a jamais autant souffert. Du côté israélien, il y a sept cents morts, et un nombre incalculable de traumatisés. Qui a gagné cette guerre ? Sûrement pas les Palestiniens et, singulièrement, pas les Palestiniens qui entendent la poursuivre.
Il ne suffit donc pas que les forces israéliennes évacuent les territoires. Il faut aussi que ces territoires, bientôt érigés en Etat souverain, ne deviennent pas une base d'agression contre Israël. On peut porter tous les jugements qu'on voudra sur Ariel Sharon, sur son armée et ses méthodes, on n'empêchera pas les gens de bon sens d'admettre qu'un Etat ne négocie pas sa disparition.
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