R EUNIES à Mâcon pour un séminaire sur l'avenir de l'hôpital, la Conférence nationale des directeurs de centres hospitaliers et la Conférence nationale des présidents de CME (commission médicale d'établissement) de centres hospitaliers ont « brisé la glace », selon les termes du président de la seconde, le Dr Antoine Perrin.
Longtemps méfiants ou rivaux, soucieux de protéger leur territoire, directeurs et médecins ont scellé leur tout neuf rapprochement en décidant d'organiser des « Assises » communes en septembre 2002. Une étape dans une évolution amorcée depuis déjà quelques années. « Nous avons commencé à nous rapprocher avec le PMSI (programme médicalisé des systèmes d'information), analyse Alexis Dussol qui préside la Conférence des directeurs, mais nous devons beaucoup aux ordonnances de 1996, qui nous ont donné des problématiques communes (l'accréditation ou les complémentarités). » Pour Alexis Dussol, la machine est lancée : « De plus en plus, émerge à l'hôpital un discours médico-administratif commun, porté par le couple président de CME-directeur. » Une alliance qui, admet le Dr Perrin, ne va pas de soi. « C'est un changement d'esprit, reconnaît-il, les médecins doivent intégrer une culture de la gestion, de l'institution, de la santé publique - je pense d'ailleurs qu'ils doivent acquérir cette connaissance dès le 3e cycle des études. Ils doivent savoir expliquer quelles sont leurs pratiques et comprendre que celles-ci peuvent évoluer. Les médecins doivent comprendre qu'ils n'ont pas toujours raison. Les directeurs, eux, ne peuvent plus raisonner en gestionnaires isolés, sans associer les médecins à leurs réflexions. »
Alexis Dussol imagine comment pourra, dans la forme, fonctionner le binôme médecin/directeur. « Il ne s'agit pas de créer de nouvelles structures. Il faut promouvoir le pôle de soins (service ou fédération, dont le responsable pourra être assisté d'un cadre administratif) qui comprend un versant médical et un versant de gestion. Un contrat interne doit lier chaque pôle de soins à la direction. »
Utiliser les moyens autrement
Prêts à lancer cette révolution culturelle, directeurs et présidents de CME se fixent un objectif presque philosophique : penser « l'hôpital autrement » ; ce sera d'ailleurs le fil conducteur de leur rassemblement de l'automne 2002. Antoine Perrin le décrypte :
« Nous voyons tous l'hôpital comme un lieu où on couche les gens. Ce n'est plus vrai. A l'hôpital, on fait de la prévention, de l'urgence, on s'occupe des addictions.
« Prenons l'exemple des personnes âgées. Elles arrivent aux urgences, embolisent le court séjour avant qu'on leur trouve une place de long séjour. Si l'on s'attaque à cette question en se disant : "Nous allons traiter le problème de la prise en charge des personnes âgées à l'hôpital", on ira dans le mur. En revanche, si l'on aborde ce dossier "autrement", avec les familles, les personnes âgées elles-mêmes, les hôpitaux locaux et les généralistes, alors on avancera. » La conclusion du président de la Conférence risque de faire grincer des dents : « A l'hôpital, on a des moyens en personnels, des moyens financiers et structurels. On peut les utiliser autrement. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature