Ils sont 38 centres de vaccination agréés à travers la France. Trente-huit centres concurrents pour vacciner, et pas seulement les voyageurs, habilités par les CRAM à procéder à la vaccination contre la fièvre jaune, la seule qui ne puisse être effectuée par les généralistes. Le centre d'Air France jouit d'une position largement dominante, loin devant le numéro deux, l'Institut Pasteur, avec 60 000 personnes traitées chaque année et 100 000 vaccinations. Parmi elles, le gotha politico-médiatique.
Une suprématie et une réputation qu'explique l'ancienneté (un demi-siècle de fonctionnement, successivement rue Marbeuf, dans le 8e arrondissement, à Montparnasse, le siège de la compagnie, dans la prestigieuse aérogare des Invalides, enfin, depuis 1992), le prestige lié à une marque Air France qui transporte, bon an mal an, quelque 40 millions de passagers de par le vaste monde. Et puis des professionnels reconnus, tous tropicalistes confirmés.
Certification Iso
Tous les jours du lundi au samedi, de 9 heures à 17 heures, deux médecins à temps plein, six vacataires, une équipe de douze infirmières spécialisées, sans oublier les hôtesses se relayent dans les six minibureaux distribués autour du local d'attente ; chaque patient-voyageur y patiente en moyenne quaante-trois minutes avant d'être traité en dix minutes. La procédure est réglée comme du papier à musique, c'est l'un des effets de l'organisation mise en place pour décrocher la certification qualité. Depuis juin 2001, le centre enjolive tous ses documents du prestigieux sceau Iso 9001 Lloyds Register Quality Assurance. Un logiciel informatique, Vacci 2000, a été conçu pour gérer l'ensemble des prestations, tout à la fois mémoire de l'activité et instrument de pilotage en temps réel. Depuis son terminal, le Dr Jean-Pierre Frenet, médecin-chef, peut visualiser à chaque instant qui fait quoi et depuis combien de temps.
L'activité vaccinale annuelle, nous renseigne Vacci 2000, est stable : 43 000 fièvres jaunes, 12 000 DT polio, 15 000 typhoïdes, 10 000 hépatites A, 3 700 méningites A et C et 2 600 méningites spécifiques dites de La Mecque.
Des consultations refusées
Vacci 2000 révèle également que le conseil représente 52 000 actes par an, essentiellement sur le paludisme. Le client pourra s'il le désire faire l'emplette de moustiquaires, diffuseurs et autres répulsifs, au rayon parapharmacie, mais pas de pharmacie et pas de prescription.
Quant aux consultations, elles sont les moins nombreuses possible. Dans le passé, plusieurs plaintes ont été déposées pour détournement de clientèle et l'Ordre se montre vigilant. « Nous refusons en moyenne une demi-douzaine de consultations tous les jours », explique le Dr Frenet, qui avoue un maximum de 250 actes chaque année, facturés au tarif de base de 20 euros, essentiellement des dépannages pour des étrangers ou des provinciaux qui insistent pour qu'on leur établisse une ordonnance.
De même, pour les bilans de retour, les Invalides fonctionnent a minima, en l'absence d'un laboratoire sur place (Air France dispose bien d'un labo, mais sur le site de Roissy). « Nous nous bornons, gratuitement bien sûr, à orienter les patients symptomatiques vers les plateaux techniques performants des grands services spécialisés, à La Pitié ou à Villeneuve-Saint-Georges », précise Jean-Pierre Frenet.
Tout juste une trentaine de bilans.
Au chapitre de la consultation, le gros de l'activité est en fait téléphonique. Le phone center (avec ses serveurs vocaux 0892.68.63.64 et 01.43.17.22.00) draine un flux quotidien de 1 000 appels, le système en arborescence permettant de donner satisfaction à la plupart des appelants ; quelques-uns activent cependant la touche 4 pour être mis en relation avec un interlocuteur en direct. Dans ce cas, le plus souvent, c'est l'hôtesse qui fournira la réponse attendue, elle est habilitée à la communiquer à partir des éléments contenus sur Vacci 2000. Les généralistes aussi viennent aux renseignements, à raison d'une dizaine de coups de fil par jour.
Ces appels répercutent naturellement les soucis du moment, l'affaire du SRAS ayant suscité un surcroît de consultations téléphoniques, qui est quelque peu retombé depuis que le public est informé de l'existence des serveurs mis en place par la direction générale de la Santé et l'OMS.
Cette actualité épidémique provoque un contre-coup sur l'activité aérienne en général et l'activité du centre des Invalides en particulier, en baisse le mois dernier de 10 %. Jamais les délais d'attente n'ont été aussi courts à la veille des grands départs en vacances.
Le centre porte bien son nom en raison de sa dernière activité : les accords qu'il délivre en vue du transport des passagers dits à particularité. Chaque année, 400 personnes en civière, 300 sous oxygène, 350 en fauteuil, ainsi que des DM (déficients mentaux) doivent soumettre leur dossier avant d'être admis à embarquer. Et encore ne s'agit-il que des vols intérieurs sans escales, à l'exclusion de tous les autres pour lesquels des équipements ad hoc vont être requis, le plus souvent à bord d'appareils d'évacuation sanitaire affrétés par des entreprises spécialisées.
Le ciel des Invalides est sans nuage. Le Dr Frenet n'a souvenir d'aucun accident grave survenu dans ses murs après une vaccination. « Pas de choc anaphylactique ou allergique majeur, se félicite-t-il, tout au plus quelques malaises vagaux, des hypoglycémies chez des gens qui croient qu'il faut être à jeun pour être vacciné, des lipothymies. Ce qui ne nous dispense pas d'une formation SAMU aux gestes d'urgence : une semaine de stages pourles médecins et les infirmières en 2001 et 2002 et une journée annuelle de remise à niveau. »
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