PREMIER représentant d'une nouvelle classe d'antirétroviraux par voie orale, le maraviroc (Celsentri) vient d'obtenir son autorisation de mise sur le marché européen. Antagoniste du corécepteur CCR5, le maraviroc empêche l'entrée du virus dans la cellule hôte. Il agit donc en amont des autres traitements par voie orale qui agissent une fois que le virus a pénétré dans la cellule.
Motivate I et Motivate II.
L'AMM du maraviroc est fondée sur les résultats de deux essais cliniques en double aveugle : Motivate I (Maraviroc plus Optimized Therapy In Viremic Antiretroviral Treatment Experienced Patients) et Motivate II. Dans ces deux essais, qui ont inclus un total de 1 076 patients, l'efficacité du maraviroc a été évaluée sur la base de la variation de la charge virale et de la variation du nombre de lymphocytes T CD4 par rapport à l'inclusion dans ces essais. Les patients ont été randomisés selon un ratio 2/2/1 pour recevoir maraviroc 300 mg (ou dose équivalente) une fois par jour ou deux fois par jour ou encore du placebo en combinaison avec un traitement de fond optimisé (TFO). Le TFO était constitué de 3 à 6 antirétroviraux (à l'exception du ritonavir à faible dose, celui-ci n'étant pas comptabilisé dans le TFO) sélectionnés pour chaque patient sur la base des antécédents et des résultats initiaux des tests de résistance virales génotypiques et phénotypiques. Les données poolées à 48 semaines ont démontré une diminution supérieure de la charge virale dans le bras maraviroc 300 mg deux fois par jour associé au TFO en comparaison avec le bras placebo associé au TFO (– 1,84 log10 copies/ml et – 0,78 log10 copies/ml, respectivement avec une différence significative [– 1,05 log10 copies/ml] entre ces deux bras). Ainsi, deux fois plus de patients ayant reçu du maraviroc 300 mg deux fois par jour associé à un traitement de fond optimisé (TFO) ont atteint une charge virale indétectable (< 50 copies/ml d'ARN VIH) comparés à ceux ayant reçu un placebo associé à un TFO (45,5 % pour le maraviroc comparé à 16,7 % pour le placebo) chez les patients prétraités infectés par le VIH1 à tropisme CCR5. Les patients traités avec le maraviroc ont eu une augmentation du nombre de cellules CD4 significativement plus élevée que ceux ayant reçu un placebo ajouté à un TFO : + 124 cellules/mm3 pour le groupe maraviroc, contre + 60 cellules/mm3 pour le groupe placebo. Les fréquences rapportées concernant les effets indésirables les plus fréquents ainsi que le taux de sortie d'essai ont été similaires dans les deux groupes de patients. Les résultats à la semaine 48 de l'essai Motivate I viennent d'être présentés à la communauté scientifique au récent congrès de l'ICAAC (Chicago) ; les résultats à la semaine 48 de l'essai Motivate II seront communiqués fin octobre à l'EACS (European AIDS Clinical Society) (Madrid).
Virus à tropisme CCR5.
L'AMM de Celsentri se fonde sur les résultats de ces deux essais cliniques ; son libellé est : «Celsentri, en association avec d'autres médicaments rétroviraux, est indiqué dans le traitement de l'infection par le VIH1 à tropisme détecté uniquement CCR5 chez l'adulte prétraité par des antirétroviraux.»
Seuls les patients infectés par les virus à tropisme CCR5 sont susceptibles de répondre à un traitement par maraviroc, c'est pourquoi la réalisation d'un test est requise avant son administration.
Pfizer espère la commercialisation de Celsentri pour avril 2008. Aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) a autorisé la commercialisation de maraviroc en août dernier. La posologie recommandée est de 150 mg, 300 mg ou 600 mg deux fois par jour en fonction des interactions avec les traitements coadministrés. La dose la plus communément prescrite lors des essais cliniques était de 150 mg deux fois/jour.
D'après la communication du Pr J. Reynes (Montpellier) lors d'une conférence organisée par Pfizer.
Tropisme
On distingue le VIH à tropisme CCR5 (ou R5, qui utilise uniquement le récepteur CCR5), le VIH à tropisme CXCR4 (ou X4, qui utilise le récepteur CXCR4) et le VIH à tropisme double. Chez un même individu, il arrive qu'une souche de virus R5 coexiste avec une souche virale à tropisme X4, voire R5-X4 (tropisme double). La majorité des souches de VIH1 isolées chez les personnes nouvellement infectées utilisent le corécepteur CCR5 pour entrer dans la cellule hôte. Ce type de virus à tropisme CCR5 prédomine tout au long de l'infection par le VIH. Lors de l'évolution de la maladie, chez 40 à 50 % des patients, les souches VIH utilisant le CXCR4 émergent ; les infections à tropisme CXCR4 pures sont généralement rares.
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