« Une cellules souche est définie par sa capacité à s'autorenouveler et à se différencier », a rappelé le Dr Charles Babinet (Institut Pasteur, Paris). Deux types de cellules souches ont été individualisées : les cellules souches embryonnaires (ou cellules ES), issues de la masse cellulaire interne embryonnaire et appelées, parfois de façon impropre, cellules du bouton embryonnaire, et les cellules souches adultes. Les cellules souches embryonnaires sont caractérisées par leur capacité infinie d'autorenouvellement, leur caryotype normal, leur expansion clonale et leurs potentialités de différenciation in vivo extensives. Elles permettent en effet la différenciation de cellules issues de tous les feuillets embryonnaires, à l'exception toutefois des dérivés de trophectoderme.
Des recherches chez l'homme hors de France
Si ces cellules ont été bien étudiées dans des modèles animaux, et en particulier chez la souris, les recherches dans l'espèce humaine sont en cours de développement dans de nombreux pays en dehors de la France. Sur la base des données disponibles, les premières comparaisons entre souris et hommes aboutissent à la mise en évidence de différences fondamentales entre les cellules ES de la souris et de l'homme. Pour le Dr Babinet, « ces variations justifient les efforts de recherche entrepris par de nombreux laboratoires dans l'espèce humaine ». Mais en France, même si la loi le permettait, les possibilités de disposer d'embryons humains pour la recherche sont encore limitées. En effet, sur les 35 200 embryons congelés (embryons surnuméraires créés pour les FIV) chaque année en France, seul un faible nombre est légué à la recherche par les couples.
Chez l'animal : 5 % de succès
Le Dr Jean-Paul Renard (INRA, Jouy-en-Josas) a présenté les travaux les plus récents de son équipe sur le clonage reproductif animal. « Chez les mammifères, les embryons reconstitués par transfert de noyaux de cellules somatiques adultes dans le cytoplasme d'un ovocyte énucléé peuvent aboutir à la naissance d'animaux viables, physiologiquement normaux et fertiles. Bien que les taux de succès de cette technique restent faibles - moins de 5 % des embryons reconstitués -, cette approche, aussi appelé clonage reproductif, a permis de mieux comprendre les conditions dans lesquelles le noyau de cellules différenciées peut retrouver une totipotence fonctionnelle, c'est-à-dire l'aptitude à redonner un individu normal », a expliqué le Dr Renard. Chez des bovins de laboratoires, un travail sur la comparaison des tâches pigmentées a montré des variations selon les clones, ce qui tend à prouver que tous les caractères d'un individu ne sont pas génétiquement déterminés. En outre, les clones bovins présentent souvent des anomalies de développement telles que des hydroallantoïdes, des syndromes du gros veau... « Ces malformations pourraient s'expliquer par des anomalies de la méthylation au cours des premières étapes du développement », analyse le Dr Renard.
3es Journée d'actualités en assistance médicale à la procréation. « Cellules souches: état des connaissances et perspectives d'application thérapeutique ». Organisation : Prs Jean-Pierre Dadoune et Jacqueline Mandelbaum.
L'exemple de la thérapie cellulaire dans le diabète de type 1
Le pancréas est composé de tissus endocrines et exocrines qui se forment au cours du développement embryonnaire à partir d'un précurseur commun endodermique. Chez les rongeurs adultes, la réinitiation de cette voie embryonnaire de formation des cellules endocrines à l'âge adulte à partir de cellules canalaires a été étudiée dans différents modèles expérimentaux de régénération pancréatique. Ce phénomène, appelé nésidioblastose, est également retrouvé chez l'homme dans certaines circonstances pathologiques, suggérant la persistance, dans le pancréas mature humain, de cellules précurseurs quiescentes. La capacité des cellules canalaires à se différentier en cellules insulinosécrétantes a été prouvée chez la souris et plus récemment chez l'homme. Deux voies de recherche sont en cours : l'une est fondée sur la transdifférenciation de tissus exocrines en cellules humaines canalaires exprimant l'Insulin Promotor Factor-1 (un facteur de transcription indispensable à la différenciation endocrine des cellules canalaires), l'autre est en rapport avec la mise en évidence de cellules souches pancréatiques positives pour la nestine, capables d'autorenouvellement au sein du pancréas humain.
« Si ces résultats se confirment, ces approches pourraient déboucher sur la production in vitro de cellules insulinosécrétrices humaines en grande quantité », annonce le Dr Julie Kerr-Conte(INSERM ERM 106, Lille).
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