Les résultats de l'étude REGENT

Cellules souches et infarctus

Publié le 25/09/2008
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Dans le postinfarctus précoce, la transplantation de cellules autologues de la moelle osseuse dans le coeur vise à prévenir le remodelage ventriculaire et la dégradation de la fonction contractile. L'essai REGENT complète les quatre études disponibles, sans lever les doutes.

QUATRE ESSAIS cliniques contrôlés et randomisés avaient été réalisés : BOOST, ASTAMI, étude de Janssens et, enfin, REPAIR-AMI. Pour décrire les résultats contradictoires de ces études et la diversité des moyens employés, certains auteurs ont opté pour la formule « mixed results from mixed cells » (1) (cellules variées, résultats mitigés).

Parmi les équipes qui se sont intéressées à l'apport potentiel de l'utilisation des cellules souches chez les malades en phase aiguë d'infarctus myocardique, M. Tendera (Katowice, Pologne) a mis en oeuvre l'étude REGENT. L'essai a porté sur 200 patients de moins de 75 ans ayant un infarctus aigu et une fraction d'éjection ventriculaire gauche inférieure à 40 % (2). Les auteurs ont sélectionné des cellules souches hématopoïétiques humaines qui expriment les antigènes CD34 et CXCR4. En effet, elles ont la particularité de migrer dans la zone où siège l'infarctus (3). Les malades ont été aléatoirement assignés à l'un des trois groupes de l'essai, cellules souches sélectionnées, cellules souches non sélectionnées et groupe témoin. Le délai moyen entre l'infarctus du myocarde et l'intervention coronaire percutanée avec injection intracoronaire de cellules a été de sept jours. Le critère principal de jugement était les modifications de fraction d'éjection et de volume d'éjection ventriculaire gauche, ces deux paramètres ayant été évalués par résonance magnétique nucléaire à six mois.

La fraction d'éjection a augmenté de 3 % dans les deux groupes de thérapie cellulaire, alors qu'elle est restée inchangée dans le groupe témoin. Les différences observées entre les trois groupes n'ont pas atteint le seuil de significativité statistique. En termes de volume d'éjection ventriculaire gauche, une meilleure réponse au traitement a été obtenue dans le groupe assigné aux cellules sélectionnées chez les patients ayant, avant traitement, un volume inférieur à la valeur médiane observée chez les patients de l'étude.

Les conclusions de M. Tendera mettent en valeur l'augmentation du volume d'éjection ventriculaire à six mois, certes non significative, mais plus importante chez les malades ayant une fraction d'éjection plus basse à l'inclusion.

Dans la discussion qui a suivi la présentation, H. Drexler (université de Hanovre, Allemagne) a précisé que les techniques d'isolement des cellules sélectionnées pouvaient expliquer le résultat de cette étude (4). La même quantité de cellules qui expriment les antigènes CD34 et CXCR4 a été injectée dans les deux groupes de l'essai, ces cellules étant simplement « diluées » dans le cas de l'injection standard.

(1) Rosenzweig A. N Engl J Med 2006 ; 355 : 1274-7.
(2) Tendera M. REGENT Randomized Multicenter Trial. HotLine III (Abs. 3204).
(3) Wojakowski W et coll. Circulation 2004 ; 110 (20) : 3213-20.
(4) Seeger FH et coll. Eur Heart J 2007 ; 28 (6) : 766-72.

> Dr G. B.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8427