Ce qu'ils en disent

Publié le 16/10/2008
Article réservé aux abonnés

Le Dr Arnaud Veïsse, directeur de la CIMADE

«Le projet de réforme fait peser un risque global sur l'exercice effectif des droits des personnes retenues, et, au premier chef, sur les étrangers atteints de maladie grave et ne pouvant être soignés en cas de retour dans leur pays d'origine. Ils sont théoriquement protégés contre les mesures d'éloignement et devraient être régularisés. Mais, depuis 2003, ce “droit au séjour des étrangers malades” connaît une application de plus en plus restrictive et fait actuellement l'objet de décisions de refus préfectoraux dans la moitié des cas. Seul un recours contentieux auprès de la juridiction administrative permet in fine l'application du droit (dans plus d'un cas sur deux dans l'observation du COMEDE) . Or un tel recours ne peut être mené qu'avec l'assistance des associations spécialisées, ce que fait actuellement la CIMADE dans les centres de rétention. C'est pourquoi la perspective de restriction de l'assistance juridique dans les CRA menace directement la continuité des soins et la survie de ces personnes.»

Le Dr Pascale Beaupère, responsable médicale du CRA de Lyon

«Il ne s'agit pas de réagir de manière militante. En tant que médecin, je n'ai qu'à me féliciter des bonnes relations que j'entretiens avec les personnes de la CIMADE,au sein de CRA de Lyon. Je suis là pour soigner les personnes retenues et pas pour assurer un service social. J'essaye d'être le garant médical des personnes vulnérables contre tout type de maltraitance. Et, pour cela, je crois être relativement armée, avec les règlements actuels.»

Le Dr Beaupère s'insurge contre les idées reçues : «Il est faux de dire que les personnes retenues sont prêtes à tout pour rester sur le sol français. Beaucoup d'entre elles aspirent en réalité au retour dans leur pays.»

Le Dr Anne Galinier, intervenante au CRA de Marseille

Le Dr Galinier ne cache pas les «appréhensions» qu'elle éprouve, «comme beaucoup de confrères», au sujet de la réforme. «La CIMADE et ses intervenants ont acquis un vrai savoir-faire, dans la gestion de situations complexes, souvent tendues et parfois violentes. Si la CIMADE devait quitter notre centre, nous ne pourrions qu'en ressentir une inquiétude d'autant plus vive que la pression psychologique augmente dans les CRA. Notre exercice, mal rémunéré, en butte aux revendications incessantes des personnes retenues, ne suscite guère de vocations. Et un certain nombre de médecins n'excluent pas d'exercer leur droit de retrait, dans un contexte que viendrait encore dégrader la réforme.»

Le Quotidien du Mdecin

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8442