Incubation : de un à trois jours
Après une contamination par contact avec les animaux herbivores atteints, l'incubation peut durer de un à trois jours.
Pathogénicité : trois formes
L'homme peut exprimer la maladie sous trois formes :
- La forme pulmonaire est la plus susceptible d'être recherchée à des fins militaires ou terroristes. Elle est transmise par la dissémination de spores de charbon sous forme d'aérosols. L'incubation est marquée par l'apparition de signes non spécifiques : fièvre, céphalées, malaise, myalgies. Une toux non productive, une gêne thoracique surviennent parfois. Deux ou trois jours après, apparaît la détresse respiratoire, suivie rapidement d'un état de choc et de la mort, un à trois jours après. Les radiographies thoraciques montrent habituellement un élargissement du médiastin, ainsi qu'un épanchement pleural. Une fois la maladie déclarée, la mortalité est de l'ordre de 75 % à 100 %, que le malade soit traité ou non.
- La forme cutanée est caractérisée par l'apparition d'une papule qui se transforme en vésicule après 24 à 48 heures, puis en ulcère nécrotique centré par une escarre noire, accompagné d'un dème parfois massif. La mortalité est inférieure à 1 % avec un traitement adapté.
- Les formes digestive et oro-pharyngée sont consécutives à l'ingestion de viande infectée insuffisamment cuite. Fièvre, nausées, vomissements, douleurs abdominales, accompagnées d'hématémèse et d'ascite, caractérisent la première. Des douleurs pharyngées importantes avec parfois un ulcère amygdalien associé à une fièvre et à un dème cervical signent la seconde. La mortalité pour ces deux formes est voisine de 50 %.
Diagnostic
Dès le deuxième jour après l'exposition, il est possible d'isoler la bactérie et la toxine au niveau sanguin. L'hyperleucocytose marquée n'est pas spécifique de la maladie.
Différents prélèvements sont possibles :
- au niveau de la muqueuse nasale ;
- hémocultures ;
- liquide pleural, LCR, ganglions médiastinaux, rate ;
- prélèvement-aspiration des lésions.
Le traitement
En l'absence d'antibiogramme, l'utilisation de ciprofloxacine ou de doxycycline dès les premiers signes d'infection est recommandée. Un traitement symptomatique en cas de détresse respiratoire ou circulatoire est nécessaire. La désinfection soigneuse des instruments et des locaux à l'aide d'antiseptiques sporicides est de mise.
La prophylaxie
Un vaccin contre le charbon est disponible depuis 1970. La vaccination consiste en trois injections sous-cutanées à deux semaines d'intervalle, suivies de trois autres injections à 6, 12 et 18 mois. Le vaccin est utilisé pour la protection des personnes exposées pour des raisons professionnelles : importation de peaux ou de fourrures, vétérinaires, laborantins, etc.
Aux Etats-Unis, une grande campagne de vaccination des armées a été entreprise depuis quelques années. Cette politique vaccinale est actuellement stoppée faute de vaccins.
Au titre d'une protection individuelle, une antibioprophylaxie à base de ciprofloxacine est envisageable, permettant d'assurer une protection pendant les jours qui suivent l'administration du vaccin, en cas de menace d'attaque biologique par Bacillus anthracis. Rappelons qu'il s'agit d'une bactérie Gram positive, qui produit une toxine spécifique dont le mécanisme d'action n'est pas complètement élucidé.
J. N. Giroux, « Médecine et Armées », tome 29, 4 juillet 2001, pp. 381-393.
Les victimes
On estime qu'une dissémination aérienne sur deux kilomètres de 50 kilos de l'arme biologique porteuse du bacille du charbon, au vent d'une ville de 500 000 habitants, ferait environ 95 000 morts et provoquerait 125 000 incapacités.
Exemples d'autres armes biologiques
Des exemples d'autres agents infectieux pouvant être utilisés contre l'homme sont cités par « Médecine et Armées ».
1. Les agents létaux :
- bactéries : charbon choléra, peste pulmonaire, tularémie, morve, typhoïde ;
- rickettsies : fièvre pourprée des montagnes Rocheuses, typhus épidémique ;
- virus : encéphalite transmise par les tiques, Ebola, fièvre jaune ;
- toxines : toxine botulique, trichotécènes.
2. Les agents incapacitants :
- bactéries : brucellose, dysenterie ;
- rickettsies : fièvre du Queensland ;
- virus : fièvre Chikungunya, dengue, encéphalite équine vénézuélienne, grippe ;
- champignons : coccidioïdomycose, histoplasmose ;
- toxines : toxine staphylococcique.
Rien n'exclut l'éventualité d'utilisation d'un germe entièrement nouveau, créé par génie génétique ou intégrant des germes de résistances aux traitements existants.
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