Ce qui les différencie

Publié le 23/03/2012
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Sur les déserts médicaux, sur les dépassements d’honoraires, ou sur l’euthanasie et la contraception, les candidats parlent beaucoup… et ne sont pas forcément d’accord sur tout !

• Liberté d’installation : on marche sur des œufs

Officiellement, personne ne veut revenir sur la liberté d’installation. Xavier Bertrand plaide toujours pour des incitations et martèle qu’« il ne s’agit à aucun moment, de fonctionnariser ou de salarier les professionnels de santé ». Nicolas Sarkozy a ajouté récemment, que, « pour le même acte » celui qui s’installerait dans une zone de désert médical soit « payé plus cher ». Sur la même ligne, le programme FN se veut sobre : « il convient d’inciter les jeunes médecins de s’installer à la campagne ». François Hollande juge lui aussi la coercition improductive et préfère annoncer un « plan d’urgence » pour l’installation des jeunes médecins et une généralisation des stages en ville. Entre les lignes, il va tout de même plus loin que la droite, puisqu’il souhaite « empêcher des médecins de s’installer dans des régions surdotées ». Dans un registre un peu différent, Bayrou évoque des « affectations temporaires » en zone déficitaire pour les jeunes médecins, une proposition qui ressemble beaucoup à celle de Martine Aubry pendant la primaire socialiste !

• Santé-société : la bataille des « valeurs »

Euthanasie, assistance à la procréation pour les homos, contraception gratuite pour les mineures, recherche sur les cellules souches embryonnaires… Sur ces sujets de société François Hollande répond toujours par l’affirmative. Ce n’est pas le cas du président sortant, Nicolas Sarkozy, qui reste ferme sur ses « valeurs pour la France ». Mesure phare du candidat socialiste : «l’assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Le mot « légalisation de l’euthanasie » n’est pas prononcé, mais cela y ressemble beaucoup. Sur les sujets de société le centriste Bayrou adopte une position médiane : « oui » à la PMA pour les homos, « non » à l’euthanasie. Même s’il déplore qu’elle soit méconnue, la loi Leonetti sur la fin de vie est pour lui un excellent compromis.

• Dépassements : plafonner, encadrer ou réguler ?

Le constat est préoccupant… et partagé. Les solutions le sont moins. À la droite de la droite, Marine Le Pen souhaite plafonner les dépassements d’honoraires et revaloriser les actes. À l’extrême gauche, Mélenchon voudrait une nouvelle Convention médicale pour remettre en cause les dépassements. François Hollande a pris des engagements, mais qui méritent d’être précisés : il promet d’encadrer les dépassements et de limiter le secteur 2 en zones surdenses. Sur le sujet, Xavier Bertrand pare au plus pressé. À la suite de la récente enquête de 60 millions de consommateurs, il a demandé à la Caisse et à l'Ordre d'« intervenir » pour « mettre un terme » aux dépassements d'honoraires « excessifs ». Et il s’apprête à créer des nouveaux secteurs à dépassements autorisés mais plafonnés et régulés.

• Hôpital : la réforme ou le moratoire ?

Hollande réserve ses plus vives critiques à la réforme de la tarification de l’hôpital menée par le gouvernement. S’il était élu, le socialiste promet une pause dans la T2A et l’arêt de la convergence tarifaire entre public et privé. En face, Nicolas Sarkozy défend son chantier et ironise sur les effets pervers d’un retour au budget global… Argument commode, mais il est vrai que le député de Corrèze n’a pas dit ce qu’il ferait à la place.

• La gauche aurait-elle le monopole de la prévention ?

Tout le programme des Verts tient en un seul mot : prévention. Eva Joly part d’un présupposé : les maladies chroniques sont des maladies de civilisation liées aux modes de vie et à l’environnement. Et de promettre qu’ 1 % du budget de la santé sera dédié à la prévention. À la Fac de Médecine de Paris, rue des Saints-Pères, François Hollande avait affirmé que, s’il était élu, sa priorité serait aussi la prévention. Dès la rentrée de septembre, « les fondamentaux de la politique de santé publique seraient posés », à commencer par la lutte contre l’obésité, mais aussi la dépendance des personés âgées et la santé au travail. Invité du CNPS la semaine dernière, Xavier Bertrand a assuré qu’en luttant « contre les abus, les fraudes et les gaspillages », on pouvait demain gagner des marges de manœuvre pour des « revalorisations », un « meilleur remboursement » et « la prise en charge d’actes de prévention ».

• La fraude : cheval de bataille de la droite

Question de "clientèle" ? Concernant la fraude aux prestations sociales, la droite et l’extrême droite insistent sur le volet répressif, pendant que la gauche reste silencieuse. À ce sujet, Nicolas Sarkozy emprunte à Marine Le Pen l’idée d’une carte Vitale biométrique. Mais il avait pris une longueur d’avance sur la candidate frontiste en déclarant la guerre à l’escroquerie, dès le mois de novembre lors d’un déplacement à Bordeaux : « voler la Sécurité sociale, c’est trahir la confiance de tous les Français », disait-il alors. Mais, à la différence du FN, il promet de maintenir l’aide médicale d’État (AME) pour les étrangers en situation irrégulière, en la recentrant néanmoins sur les situations d’urgence sanitaire et sur les risques épidémiques.


Source : lequotidiendumedecin.fr