Le Dr Pierre Costes, président de MG-France : la prise en compte d'une situation réelle
« Curieusement, je prends l'annonce du Medef, même si elle est habillée en menace de quitter les caisses, comme une annonce de retour dans le débat et non pas comme une annonce de sortie. Le Medef, qui avait imaginé un temps refonder le partenariat social seul avec les salariés, prend aujourd'hui en compte une situation plus réelle. Il demande une refondation du contrat qui réunisse cette fois-ci l'Etat, le patronat et les salariés. C'est une suite logique.
« Je suis persuadé que ce chantier va être ouvert, et il va l'être en parallèle avec les chantiers qui intègrent les professionnels, qui sont parfois initiés par les professionnels eux-mêmes - je pense au G14 dont MG-France fait partie, mais aussi au G7. Il va fonctionner aussi en synergie avec la concertation « diagnostic-traitement » menée actuellement par Elisabeth Guigou ».
Dr Dinorino Cabrera, président du SML : les choses seront plus claires
« Comment qualifier la décision du Medef ? Et d'abord, s'agit-il d'une décision, d'une menace de décision ou d'autre chose encore ? Tout cela dure depuis plusieurs mois et le suspense devient insoutenable ! Honnêtement, je ne regretterai pas le Medef s'il part, dans la mesure où il est un des éléments majeurs du blocage du système. Si demain, on devait donner les coudées franches au Medef, les médecins et les patients seraient les premiers à en pâtir. Sans débat de société et sans réflexion, ce serait une mauvaise affaire. Alors, que le patronat parte, et les choses seront plus claires. Je note que curieusement, dans le cadre du G7, où nous discutons avec les syndicats de salariés (hors la CFDT, ndlr) , nous, médecins libéraux, avons pu obtenir un accord que le patronat nous a toujours refusé. »
Dr Jean Gras, président de la FMF : pas de recomposition possible sans le Medef
« La FMF est évidemment très attentive à ce qui se passe actuellement au sein des gestionnaires de la Sécurité sociale. Nous constatons que toute une partie des composantes des partenaires sociaux cherche à redéfinir les attributions et les compétences des uns et des autres. Ceux qui sont en poste souhaitent une « recomposition ». Or il est évident que cette recomposition ne se fera pas sans le Medef, tout le monde l'a compris, y compris Lionel Jospin. Quand on veut maîtriser les dépenses d'assurance-maladie, il faut avoir toutes les cartes en main.
« Et pour ce qui nous concerne, nous médecins libéraux, nous souhaitons que les partenaires sociaux soient en état de négocier avec nous. Aujourd'hui, ceux qui veulent aller dans ce sens, ne le peuvent pas parce que ceux qui sont en poste - je veux parler du Medef et de la CFDT - ne croient plus à la politique conventionnelle. Nous demandons donc à avoir en face de nous des partenaires qui aient suffisamment de liberté pour pouvoir négocier une convention et qui abandonnent la politique de maîtrise économique. »
Le Dr Claude Maffioli, président de la CSMF : on va tout droit vers l'étatisation de la Sécu
« La Sécurité sociale a déjà vécu plusieurs années sans la participation du patronat. Mais, si le départ du Medef se concrétise fin juillet, ce sera une situation extrêmement particulière. On est dans « Ubu roi » . Dans ce cas, l'étatisation de la Sécurité sociale, on y va tout droit. Le seul qui reste, ce sera l'Etat. Et quand on connaît la compétence de gestionnaire de l'Etat, on a quand même quelque inquiétude à avoir... ».
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