Alors que les missions d’intérêt général devaient initialement financer la spécificité des établissements publics de santé en matière d’urgence, de recherche et d’enseignement, les établissements privés, au fil des ans, se mettent sur les rangs pour avoir droit eux aussi à leur part du gâteau. Les Migac deviennent l’objet de toutes les convoitises.
HPOP, premier service d’urgences privé de France
Aujourd’hui, la France compte 136 services d’urgence privés, dont 26 dans des établissements de la Générale de santé. Parmi eux, l’Hôpital privé de l’Ouest parisien (HPOP), à Trappes, ne compte pas moins de 53 000 passages aux urgences par an, ce qui en fait le plus grand service d’urgences privé de France. « 25 % de notre activité d’hospitalisation est issue des passages aux urgences », explique Béatrice Caux, nouvelle directrice de l’établissement, qui considère que son hôpital « a un fonctionnement équivalent à celui d’un établissement public, avec un financement inférieur de 30 % ». « On n’a pratiquement pas d’enveloppe Migac », note-t-elle, à l’exception « d’une minuscule enveloppe pour un poste d’assistante sociale ». Béatrice Caux reconnaît que les urgences représentent un coût important, du fait de la nécessaire présence de personnel pour assurer la continuité des soins mais, indique-t-elle, « dans le privé on est habitués à s’adapter et à gérer. On est très vigilants aux organisations, aux économies. Et nous sommes modestes avec le nombre de mètres carrés dont on a besoin ». La surface des établissements a « un coût phénoménal, singulièrement en Île-de-France » pour elle, ce qui expliquerait bon nombre de dépenses.
Par ailleurs, selon la directrice de l’HPOP, le service d’urgences de son établissement, de même que dans d’autres cliniques, pourrait aisément accueillir des internes. « Nous avons des pans entiers de notre activité via lesquels nous pouvons apporter notre aide dans la formation des internes », assure-t-elle. Un regard que partage Sylvie Charlet, directrice des affaires médicales du groupe Vitalia : « Chaque année, l’amphi de garnison est un mélodrame épouvantable. C’est incroyable que l’on ne permette pas à ces jeunes de venir se former dans le privé. » Membre de la commission de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) qui travaille sur le sujet, elle milite pour que les jeunes apprennent à découvrir le secteur privé. C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’elle a créé au printemps dernier pour le compte de Vitalia un contrat d’engagement de service privé (CESP) proposé aux internes ou chefs de clinique en dernière année de formation. Il ne s’agit pas de former ces jeunes mais de les attirer vers le secteur privé, avant qu’ils ne prennent un poste dans un hôpital public, via une aide – financière, administrative et/ou juridique – à l’installation. Sans compter qu’attirer des jeunes dans le secteur privé est aussi un « facteur de motivation pour les seniors », selon Béatrice Caux, « un facteur de progrès avec assouplissement de la pyramide des âges ».
Rémunérer les inclusions dans les essais cliniques
S’il est en revanche une mission de service public que le secteur privé peine à investir, c’est celui de la recherche. « Si vous ne prenez pas les moyens de former les gens, de leur donner la culture de la recherche et si vous ne les rémunérez pas mieux, pourquoi voulez-vous qu’ils s’investissent ? », remarque Gérard Parmentier, délégué général FHP-cancérologie. Et de décrire une situation pour le moins paradoxale : « Le plan cancer pose les essais cliniques comme élément de bonne pratique. Or, on ne nous donne pas les moyens d’inclure nos patients dans des essais cliniques. » L’Institut du cancer a bien financé des postes d’attachés de recherche, mais ils sont en équipe mobile, une « fausse bonne idée ». « Pour être efficaces, les attachés de recherche doivent être employés à temps plein. Leur présence est fondamentale au sein de l’équipe médicale. Ces équipes mobiles ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux. » Du coup, la mission recherche est quasi absente des cliniques. Pour Gérard Parmentier, « il faudrait convaincre la Sécurité sociale de rémunérer les médecins qui font de la recherche. Il faudrait que l’on puisse différencier un forfait à verser au médecin selon qu’il inclut des patients ou non dans des essais cliniques ». Certaines structures ont cependant géré les choses autrement. C’est le cas notamment de la Générale de santé qui dispose d’un département dédié : le centre de coordination des essais cliniques. Des partenariats sont passés entre l’industrie pharmaceutique et des médecins.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature