AU COEUR du projet santé de Nicolas Sarkozy, la «responsabilisation» des acteurs (usagers, médecins, établissements...) est érigée en dogme et déclinée en diverses mesures. La principale est peu populaire : le candidat UMP, convaincu que les dépenses ne diminueront pas, a annoncé pas moins de quatre franchises annuelles sur les soins, non remboursables. Elles porteraient sur les «premiers euros» de dépenses de consultations, de médicaments, d'analyses et d'hospitalisation. Si le montant exact de ces franchises n'a pas été précisé, elles remplaceraient les forfaits actuels de 1 euro par acte et de 18 euros sur les actes lourds, mais pas le forfait hospitalier. Malgré la promesse du candidat de mener dès cet été une concertation (quelles exonérations ?), un débat fait rage, y compris à l'UMP, sur les conséquences de ce dispositif de franchises en matière d'accès aux soins. D'autant que Nicolas Sarkozy envisage d'augmenter leur montant chaque année si l'assurance-maladie est dans le rouge. Dans le souci d'équilibrer cette mesure de rigueur, le candidat a promis qu'il augmenterait la prise en charge par la Sécu de prestations mal remboursées, comme les soins dentaires et optiques. Qu'il «triplerait» en cinq ans le budget de la prévention. Et augmenterait l'aide à l'acquisition de complémentaires santé.
La lutte contre les abus, les gaspillages et les fraudes est l'autre versant de la responsabilisation. Nicolas Sarkozy accentuerait cette politique de contrôles tous azimuts déjà engagée par la direction de l'assurance-maladie (sur les arrêts de travail, par exemple). Economies attendues : de 7 à 15 milliards d'euros par an.
En médecine de ville, l'apôtre de la rupture ne propose nulle révolution, mais plutôt des aménagements. Son projet poursuit sur la voie de la réforme du médecin traitant, prévoit l'alignement «au plus vite» des honoraires généralistes sur ceux des spécialistes, instaure «de nouveaux espaces de liberté tarifaire» (pour les médecins qui font des efforts dans l'évaluation des pratiques ou la FMC) et promet d'encourager le regroupement pour lutter contre la désertification médicale (avec des choix dans le mode de rémunération).
Le numerus clausus serait desserré avec une programmation pluriannuelle des effectifs dans chaque spécialité. Autre engagement qui ne déplaira à aucun médecin : la simplification des tâches administratives.
Hôpital : autonomie de gestion accrue et évaluation.
A l'hôpital, en revanche, l'ordonnance sera sans doute plus radicale si le candidat de l'UMP est élu. Nicolas Sarkozy veut accorder aux établissements une large autonomie d'organisation et de gestion et remédier au «désordre» des 35 heures en permettant aux personnels qui le souhaitent de travailler plus pour gagner plus (bonus). Il prône un processus d'évaluation permanente de la qualité des soins dans les hôpitaux avec publication systématique des résultats.
Quant à l'architecture et au pilotage général du système de santé, le candidat UMP ne va pas jusqu'à la régionalisation totale préconisée par François Bayrou, mais lui préfère une «déconcentration» sous la houlette de futures agences régionales de la santé.
Difficile, enfin, de dire jusqu'à quel point Nicolas Sarkozy réformerait le financement de protection sociale. Il écarte pour l'instant l'augmentation de la CSG ou des cotisations, se propose d'expérimenter la TVA « sociale » et se dit partisan de la création d'une cinquième branche pour la dépendance. Mais les impératifs de réduction de la dette pourraient exiger d'autres remèdes.
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