LES 3es JOURNÉES de la prévention, organisées par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), se dérouleront à Paris les 29 et 30 mars (voir encadré). Ce rendez-vous annuel est «l'occasion de partager des travaux et des expériences de terrain», souligne le directeur général de l'institut, Philippe Lamoureux. Comme celle de la maison médicale pluridisciplinaire Saint-Claude, de Besançon, dans le Doubs, dont les neuf généralistes et les trois infirmières* expérimentent, depuis le 20 février, une consultation de prévention spécifique .
L'idée de départ est inspirée par la démarche du Dr Marc Giusti, de Montenois (Doubs). A l'époque, médecin référent, l'omnipraticien franc-comtois cherche à créer un outil informatique pour mener à bien une consultation de prévention spécifique (CPS). Il mettra au point le PPP, plan de prévention personnalisé. Pour un patient exposé à l'une des 22 maladies prises en compte dans le logiciel (cancers, pathologies cardio-vasculaires, conduites toxicomaniaques et suicidaires, etc.), l'ordinateur fournit des conseils adaptés au profil à risque du patient.
Une prestation gratuite pour le patient.
Saint-Claude se porte candidate à l'utilisation du PPP. A sa manière, en recourant aux services de ses infirmières, explique au « Quotidien » le Dr Patrick Vuattoux, 40 ans, qui sera l'un des témoins des Journées de la prévention. «Nous avons procédé à une délégation de tâches que l'infirmière n'avait pas l'habitude d'accomplir.» L'infirmière est donc chargée d'ouvrir la consultation, pendant une demi-heure. Elle en profitera, éventuellement, pour demander une prise de sang ou l'achat de vaccins non à jour. Quelques jours plus tard, le généraliste interviendra à son tour, durant trente minutes également.
Financée par l'union régionale des caisses d'assurance-maladie (Urcam) de Franche-Comté, à hauteur de 28 000 euros, la démarche de Saint-Claude, prévue jusqu'à la mi-août 2008, est expérimentale. A la demande de l'Urcam, le groupe d'âge visé est celui des 50-75 ans, avec ses cancers en tout genre (sein, prostate, côlon, etc.). Cent vingt patients qui n'ont pas consulté au cours des six derniers mois, et dont le médecin traitant appartient à la maison médicale bisontine, sont concernés. Ils sont informés par un courrier de Saint-Claude qu'ils ont droit gratuitement à une consultation de prévention spécifique.
Une valeur ajoutée pour les soins.
Au 21 mars, le Dr Patrick Vuattoux avait fait 4 CPS. «J'y vois l'occasion d'aborder un autre aspect du patient que je connais et qui ne se sent pas trop mal, commente le praticien, rémunéré 30 euros la prestation, comme l'infirmière, par le Fonds d'aide à la qualité des soins de ville. Nous échafaudons un plan relatif, par exemple, à la lutte contre la sédentarité, le tabac ou le surpoids. Rien de commun avec une consultation classique, où le malade signale des symptômes.Nous nous retrouverons un an plus tard, afin de voir si les objectifs définis ont été tenus. Entre-temps, il n'est pas exclu qu'une demande de soins nous réunisse, et j'en profiterai si nécessaire pour encourager mon patient à modifier tel comportement qui pourrait lui nuire. C'est la qualité même des soins qui en bénéficie.» La personne en CPS, de son côté, «ne manque pas de constater qu'on lui consacre plus de temps que d'habitude et, entre l'infirmière et le médecin, elle se sent en confiance. Dans tous les cas, la consultation de prévention spécifique apporte une valeur ajoutée aux soins», insiste avec conviction le généraliste bisontin.
«Les initiatives de prévention de ce type, quand elles sont déconnectées du cadre du colloque singulier avec le médecin de famille, ne sauraient soutenir la comparaison, estime le médecin, d'autant plus que, la plupart du temps, elles profitent à des femmes et à des hommes acquis à la prévention. Le cabinet du généraliste demeure ouvert à tous et la frange de notre clientèle défavorisée pourra être touchée», le jour où l'expérimentation de la CPS, une fois évaluée, deviendra systématique et étendue à tous les âges de la vie.
* La maison médicale Saint-Claude, fondée en 1970, compte également une sage-femme, un kiné, trois secrétaires et une femme de ménage.
La prévention en huit thèmes
Les Journées de la prévention 2007 ont lieu jeudi et vendredi à la Maison de la Mutualité, à Paris. Huit thèmes seront développés :
– Naître et grandir au milieu des siens : quel accompagnement ?
– Parcours de prévention, médecin traitant et professionnels de santé : quelles articulations ?
– Le patient : sa place et son rôle dans la démarche éducative.
– L'éducation à la santé à l'école : une éducation citoyenne.
– Entre politiques nationales et initiatives locales, renforcer les synergies pour promouvoir la santé.
– La démarche qualité en éducation pour la santé.
– Quelle place pour l'éducation pour la santé dans le projet éducatif en accueil collectif de loisirs sportifs et de jeunesse ?
– De la recherche à l'action et de l'action à la recherche.
24, rue Saint-Victor (5e), www.inpes.sante.fr.
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