DE NOTRE CORRESPONDANT
«LA PREMIÈRE greffe mondiale de visage réalisée en novembre 2005 par l'équipe du PrBernard Devauchelle, du CHU d'Amiens, et reproduite depuis à Paris, a contribué à rendre plus visible notre activité auprès du grand public mais aussi auprès des médecins», estime le Pr Jacques-Marie Mercier, chef de service de la clinique de chirurgie maxillo- faciale et stomatologie du CHU de Nantes et responsable scientifique du congrès de l'Association française des chirurgiens maxillo-faciaux.
Mais, derrière ces greffes, il existe un champ d'activité très large de la discipline née de la prise en charge des « gueules cassées » de la Première Guerre mondiale. Avec, pour chaque pan d'activité, un recours à la microchirurgie. «Les grands traumatismes faciaux, le traitement des cancers de la cavité buccale ou des maxillaires entraînent des mutilationsdont la réparation complexe faitappel à des techniques de pointe», explique le Pr Mercier. Et, point commun de toutes ces interventions, en plus de leur importance médicale, leur portée psychologique et sociale.
Il en est ainsi de la chirurgie orthognathique (encore appelée chirurgie orthopédique des maxillaires), qui est le thème du congrès retenu cette année, après les malformations congénitales en 2006. Depuis le travail du Pr Jean Delaire, prédécesseur du Pr Mercier, le service nantais a acquis une grande expertise dans le domaine. Photos à l'appui, l'actuel chef de service met en évidence l'amélioration de l'apparence après de telles interventions chirurgicales. Le résultat est en effet impressionnant pour ces personnes présentant une déformation faciale.
Informer les généralistes.
Les dysmorphoses surviennent pendant la croissance et sont en général d'origine dysfonctionnelle. «Elles se traduisent par une asymétrie disgracieuse, par une face trop haute avec impossibilité de maintenir la bouche fermée ou encore par une mâchoire inférieure trop en avant ou trop en arrière, précise le Pr Mercier. Cela a un retentissement psychologique sous-tendu par une dévalorisation de l'image de soi et provoque un trouble de l'occlusion dentaire, générateur de difficultés masticatoires et, à terme, de troubles digestifs. Beaucoup de personnes ont besoin d'une intervention de ce type. Mais, comme cela n'est pas vital, toutes n'en bénéficient pas. D'où le travail de liaison important qui a été accompli avec les médecins généralistes qui découvrent la discipline. Cela peut permettre d'éviter qu'un adulte découvre à 40ans qu'on pouvait intervenir sur une déformation qui l'a fait souffrir pendant vingt ans.»
Une fois le problème de déformation pris en compte, il reste à coordonner l'intervention des chirurgiens maxillo-faciaux et des orthodontistes. Hélas, «tout ne se passe pas toujours dans un esprit parfaitement consensuel», observe le Pr Mercier, alors que, note-t-il, «leur complémentarité est totale». Pourquoi ? «Les premières techniques chirurgicales n'ont pas permis de bien appréhender les choses. Devant les cas de récidive –avec des langues qui repoussent la mandibule vers l'avant–, les orthodontistes ont essayé de régler les problèmes tout seuls. Or l'orthodontie ne peut pas, seule, corriger une déformation du squelette facial qui porte les dents. En revanche, un traitement préparatoire à l'intervention chirurgicale est presque toujours nécessaire. D'où cette complémentarité fondamentale pour laquelle nous allons oeuvrer pendant le congrès. Nous avons à apprendre à mieux nous connaître les uns et les autres.»
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