« SARKOZY a-t-il toute sa tête ? » C'est le « Washington Post » qui pose la question dans son édition du 15 février, soulignant qu' «elle bruisse dans la France entière». La presse internationale est à l'avenant. «La Sarkologie est un sujet de conversation autant dans les bars que dans les espaces académiques oules séminaires psychiatriques», écrit le deuxième quotidien espagnol « El Mundo », qui titre sur «la surestimation phallique deS.». Autre journal ibérique, « El Païs », sous la manchette « Sarkozy, c'est fini » (en français), affirme que le chef de l'État est malade : «L'infirmité dont souffre Sarkozy n'a pas la gravité du cancer de la prostate de Mitterrand, mais elle affecte cet organe vital qu'est l'ego, et qui souffre d'une hypertrophie probablement irréversible.»
La rumeur psy gagne les cénacles médicaux. De retour d'un congrès européen de psychiatrie qui s'est tenu à Munich, le Pr Frédéric Rouillon s'émeut : «Avec mes collègues français, nous n'avons cessé d'être interpellés pendant les pauses par nos collègues anglais, allemands ou italiens, toujours sur le même thème: “Alors, votre président, ce qui se dit est-il vrai, est-il crazy?” »
Une société de psychopathes.
En France, des psychiatres n'hésitent pas à s'emparer du sujet Sarkozy. Dans « Un président chez le psy »(éditions Scali), le psychiatre-psychanalyste Pierre Lembeye écrit que «les Français auraient élu comme président une personnalité vraisemblablement psychopathe, qui n'aurait jamais pensé à autre chose qu'à lui et à ses billes, depuis celles avec lesquelles il jouait enfant, au parc Monceau. Un homme impulsif, ne s'intéressant qu'à lui.» Il évoque «la dissolution du Surmoi présidentiel, la jet-setisation du chef, son infantilisme, son acculturation profonde qui lui a fait préférer Mickey Mouse à Michel-Ange au Louvre». Le Dr Lembeye s'en tient cependant à une démarche surtout littéraire, dans le sillage de Norman Mailer et de sa thèse sur l'avènement d'une société de psychopathes.
Beaucoup plus incisif est le Dr Serge Hefez. Dans « Libération » et « Marianne », le psychiatre distille sa «petite leçon» sur «le pervers narcissique» qu'est selon lui le président de la République. Il recense les situations cliniques de «déni, de jouissance du sous-entendu, d'amour de la traîtrise» qui lui permettent de poser un diagnostic sur «sa mégalomanie, son narcissisme, voire sa paranoïa». Et de stigmatiser «le pervers narcissique et ses complices».
Un séminaire a même été consacré à « Sarkozy, le symptôme ». Son organisateur, le psychiatre et psychanalyste Hervé Hubert, explique qu'il a étudié le cas présidentiel dans deux ouvrages : « Témoignage », un livre publié par l'intéressé (XO Éditions) et « Un pouvoir nommé désir », signé de la journaliste Catherine Ney (Grasset). Revenant sur le « Casse toi, pauvre con!» proféré au Salon de l'Agriculture, ou sur «le remplacement de Cécilia par Carla comme marqueur de jouissance», le Dr Hubert va jusqu'à présenter Nicolas Sarkozy comme «une personnalité pathologique, dangereuse».
Évidemment, les psychanalystes ne sont pas en reste. Auteur des « Hommes politiques sur le divan » (Calmann-Lévy), Jean-Pierre Winter note que «Nicolas Sarkozy personnalise complètement l'action gouvernementale, qu'il se substitue à tout le monde, qu'il fait preuve d'une certaine ubiquité. On peut prendre les choses soit du côté d'une espèce d'hypernarcissisme, mais cela serait un peu de la psychologie sans grand intérêt, soit il pense qu'il y a besoin d'un chef. Et ce qu'il faut alors interroger, c'est l'idée qu'il se fait d'un chef. Or, dans une démocratie, un chef, c'est d'abord quelqu'un qui a une grande capacité à déléguer. Et, là, il y a effectivement un problème.»
Sur Internet, blogs et forums foisonnent sur le sujet Sarkozy et les psys. Les médias s'en emparent. Sur le registre de l'anthologie, « le Monde » publie une pleine page titrée « Sarkozy couché de force sur le divan » (26 mars).
Sur un mode franchement polémiste, Jean-François Kahn ne regrette pas, quant à lui, d'avoir donné le signal à cette curée , avec le numéro de « Marianne » publié entre les deux tours de la présidentielle, sur « le vrai Sarkozy ». «Je suis plutôt fier d'avoir dit à l'époque des choses qui aujourd'hui me semblent essentielles, commente-t-il. Tout ce qui s'est passé depuis un an montre que, quelque part, il a un grain. J'ai dit qu'il était fou quelque part, précise-t-il, je n'ai pas dit qu'il fallait le mettre à Charenton tout de suite!»
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