Dans cette campagne enfin, deux thèmes centraux pour le système de santé sont à peu près passés sous silence. Curieusement, on ne parle pas (ou très peu) du pilotage du système et du carburant nécessaire pour le faire fonctionner.
• Gouvernance : silence on tourne…
Sur la gouvernance, le silence vaut sans doute approbation. Qu’il s’agisse de l’Ondam et du PLFSS (ce « budget » de la Sécu créé par le plan Juppé), du parcours de soins prévu par la réforme Douste-Bertrand de 2004 ou des Agences régionales de santé (ARS) instituées par la loi Bachelot, tout le monde semble d’accord pour conserver l’architecture qui a modifié notre système de santé ces 15 dernières années. Concernant les ARS, Hollande se montre critique, mais il n’a jamais dit qu’il comptait les supprimer. Moins consensuelle, la gauche de la gauche, de Mélenchon à EELV, martèle qu’il faut plus de démocratie sanitaire dans la régionalisation de la santé.
• Financement : le premier qui parle est mort
Silence aussi sur le financement de la Sécu, dont tout le monde sait pourtant que ce sera sans doute « le » dossier prioritaire du prochain ministre de la santé. À l’automne dernier, le thème du déficit et des ressources nouvelles a bien failli s’inviter dans la campagne. Nicolas Sarkozy annonce la convocation d’un « Haut conseil de la protection sociale » pour donner des pistes. Depuis, on n’en entend plus parler. La semaine dernière, Xavier Bertrand a évoqué cette instance, qu’il promet à un rôle clé… « dans les mois suivant les élections » ! Nicolas Sarkozy a tout de même pris un peu d’avance sur le scrutin, proposant pour octobre un allégement des charges des entreprises (la fameuse TVA « anti-délocalisations »), associé à un début de mise à contribution des revenus du capital. « TVA sociale », que François Hollande supprimera s’il est élu. Pour la remplacer par quoi ? C’est plus mystérieux. Le candidat socialiste reconnaît que « nous ne pouvons pas vivre avec des déficits structurels de l’Assurance-maladie ». Mais il ne s’est guère attardé sur le sujet, évoquant juste le 2 février dans un discours fleuve sur la santé, que « s’il faut chercher des ressources nouvelles, nous devons mettre à contribution l’ensemble des revenus : revenus du travail, mais aussi revenus du capital. » Curieusement, Bayrou n’est pas beaucoup plus disert, insistant sur la lutte contre les gaspillages, véritable manne, selon lui…
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