à L'HÔPITAL TENON, à Paris, le Dr Louis Jehel est responsable de l'unité de psychiatrie et de psychotraumatologie. Il a mis en place un système original d'écoute des patients victimes de traumatisme et qui ont développé un syndrome de répétition traumatique. Lorsqu'une détresse a été détectée, les patients sont généralement adressés au service par des médecins de famille, des centres médico-psychologiques ou des psychiatres libéraux. Il s'agit de mettre en place des soins associant différents types de psychothérapie à un traitement médicamenteux qui peut faire appel à des anxiolytiques, des antidépresseurs et des hypnotiques de courte durée.
A la sortie du service, deux types de moyens d'écoute sont proposés au patient. D'une part, un contact téléphonique régulier sur la base d'un protocole thérapeutique permet d'évaluer le degré d'anxiété, de dépression et d'insomnie. La fréquence des appels est choisie par le patient, et elle peut être réactualisée en fonction de l'évaluation médicale. Généralement, 5 appels sont planifiés : 7 jours, 1 mois, 3 mois, 6 mois et 1 an après la sortie. La prise en charge passe, d'autre part, par la mise à la disposition des patients d'un numéro dédié accessible 24 heures sur 24, grâce auquel ils peuvent s'entretenir avec une infirmière, voire un médecin, dans les cas les plus graves. «Les patients qui ont subi une agression ou ont été victimes de catastrophe présentent –selon la définition internationalement reconnue– des cauchemars à répétition au cours desquels ils revivent le traumatisme initial, explique le Dr Jehel. Ces rêves récurrents peuvent conduire à des conduites d'évitement du sommeil ou à la prise de substances –alcool, cannabis ou médicaments. Dans les cas les plus graves, certains patients vont même adopter des conduites suicidaires directement liées au cauchemar et sans rapport avec un éventuel état dépressif sous-jacent. Pouvoir s'adresser à toute heure du jour ou de la nuit à un professionnel formé à l'écoute est comme un élément apaisant pour la plupart de nos patients. A partir d'un interrogatoire orienté, les écoutants peuvent évaluer de façon précise le risque suicidaire: avez-vous déjà pensé à mourir? Avez-vous déjà imaginé le meilleur moyen de vous donner la mort? Ils peuvent donc mettre en place des moyens de protection en mobilisant les ressources autour du patient, voire en les adressant à un collègue des urgences.»
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