Livres
Par Martine Freneuil
Q UE les Français soient friands de sexualité par littérature interposée n'est pas nouveau ; mais il suffit aujourd'hui d'un lancement médiatique bien mené pour que le lecteur ordinaire verse son obole et pénètre dans l'intimité de qui veut bien la dévoiler en toute impunité. C'est ainsi qu'en se vendant comme des petits pains dans les quartiers chics comme dans les grandes surfaces, les sulfureux livres de Catherine Millet, « La vie sexuelle de Catherine M. » et de son mari Jacques Henric, « Légendes de Catherine M. », ont effacé jusqu'au souvenir de l'enfer : les libraires sont au paradis !
D'un côté, donc, « la Vie sexuelle de Catherine M. » (1), dans lequel Catherine Millet raconte en détail ses innombrables expériences amoureuses pratiquées de préférence à plusieurs et quel que soit l'endroit, le moment ou la circonstance. Ce n'est pas de l'exhibitionnisme, juste une relation sans fard et sans fausse pudeur, de ce qui est pour elle aussi naturel que de respirer. Catherine Millet est par ailleurs une grande spécialiste de l'art contemporain, directrice de la rédaction du magazine « Art Press ».
De l'autre côté Jacques Henric, auteur de nombreux romans et essais, son compagnon depuis trente ans, qui depuis autant de temps n'a cessé de la photographier, dénudée, et qui dans « Légendes de Catherine M. » (2) commente une trentaine de ces photographies reproduites dans le livre.
Un ouvrage qui n'est pas un livre d'art, qu'il a intitulé récit et qui est une réflexion sur le rapport que l'écrit entretient avec l'image, plus particulièrement la photographie, qui s'interroge sur le rôle du corps dans l'écriture et convoque aussi bien la littérature, la théologie, la philosophie que... l'amour.
Des deux, c'est bien sûr le livre de Catherine Millet, plus « descriptif », qui est surtout plébiscité : tiré à 4 000 exemplaires, il a dépassé les 100 000 exemplaires vendus en moins de quatre semaines, reléguant aux places secondaires les dinosaures de la littérature mondiale comme James Ellroy, Paulo Coelho ou Patricia Cornwell (mais pas Astérix !).
Mais l'essai de Jacques Henric s'est aussi déjà vendu, après un tirage initial de 6 000, à 16 000 exemplaires.
Une réussite éditoriale qui s'est effectuée dans le plus grand calme, sans polémique ni scandale quant au contenu des ouvrages ni branle-bas médiatique tonitruant, mais avec un effet boule de neige qui a touché aussi bien la presse écrite que télés et radios.
(1) Editions du Seuil, 224 p., 110 F
(2) Editions Denoël, 205 p., 130 F
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