Cas autochtone de diphtérie : c'était Corynebacterie ulcerans

Publié le 06/11/2003

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« Le Quotidien » a évoqué mardi le cas d'une personne de 47 ans, sous traitement immunosuppresseur, hospitalisée à l'hôpital de Bicêtre pour une diphtérie (il s'agit, nous l'avons dit, du premier cas autochtone depuis 1989).
Fait intéressant signalé par le Pr Patrice Nordmann, chef du service de microbiologie de l'hôpital de Bicêtre, le germe responsable dans ce cas n'est pas Corynebacterium diphtheriae, mais Corynebacterium ulcerans ayant acquis le gène de la toxine de C. diphtheriae. La diphtérie étant liée exclusivement à l'effet de la toxine, on conçoit que la patiente immunodéprimée (probables faibles taux d'anticorps antidiphtériques) ait pu développer une réelle diphtérie clinique.
C. ulcerans, explique au « Quotidien » le Pr Nordmann, est une espèce de corynebactérie environnementale et non pas strictement humaine comme l'est C. diphtheriae. La contamination peut être liée à un contact avec un chat ou à la consommation de lait ou fromage crus. La patiente n'a pas de chat mais possède un chien. Bien qu'on n'ait jamais décrit la présence de C. ulcerans(tox +) chez le chien, un prélèvement du museau de ce chien-là est en cours d'examen.
Les 74 sujets contacts (famille, personnel hospitalier, personnel de transport) ont tous été contactés, ont subi un prélèvement de gorge à la recherche d'un portage éventuel, et, par mesure large de prévention, ont reçu une dose de vaccin antidiphtérique et ont été traités par une ß-lactamine pendant dix jours (souche multisensible aux antibiotiques notamment aux ß-lactamines). Cela dit, avec C. ulcerans (tox +), il n'y a aucun cas de contamination interhumaine connu et, mardi soir, tous les examens de dépistage de C. ulcerans chez les patients contacts se sont révélés être négatifs. Ce cas souligne que (1), même en l'absence de résurgence d'épidémie de C. diphteriae, comme on l'a vu dans les pays de l'ex-URSS dans les années 1995-2000, on peut observer en France de réels cas de diphtérie ; (2) que la revaccination DT-polio doit donc être très largement recommandée et ne pas se limiter à la revaccination T-polio.