Classique
Michel Plasson a ajouté à la version dite de Guiraud, avec récitatifs chantés, une « Habanera » originale avec churs (« l'Amour est enfant de Bohème ») récemment retrouvée par l'éditeur Choudens, à laquelle fut substitué plus tard l'air « l'Amour est un oiseau rebelle ». Les textes sont voisins mais le traitement musical est radicalement différent. Les deux états successifs de l'air sont chantés l'un après l'autre dans cet enregistrement.
Autre détail, plus anecdotique, le rétablissement d'une amusante scène et pantomime de Moralès au début du premier acte, supprimée par Ernest Guiraud lors de sa révision de l'opéra-comique après la mort de Bizet pour en faire un opéra jouable dans des théâtres lyriques de grande envergure.
L'intérêt de cet enregistrement ne s'arrête pas ici. EMI a réuni une distribution très homogène et maîtrisant parfaitement la diction française, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps dans l'histoire des enregistrements du plus chanté des opéras français. Bien sûr, le couple vedette Angela Gheorghiu - Roberto Alagna est un argument commercial de poids. Mais pas seulement, car ils réalisent tous deux d'indiscutables performances artistiques. Curieusement, le couple ne s'est jamais produit encore sur scène dans ces rôles mais en Don José et Micaëla, notamment dans une production espagnole au festival du Castell de Peralda en 1999. Indiscutablement ils sont vocalement à leur place dans ces deux rôles écrasants, Gheorghiu avec une égalité dans le registre et la pointe d'exotisme dans l'interprétation qui en font une des grandes Carmen soprano de la discographie, Alagna avec sa voix si spontanée, si lumineuse, sa diction superlative et ce charme phonogénique qui n'appartient qu'à lui.
Les seconds rôles sont tous bien tenus avec des nuances dans l'appréciation, depuis les Dancaïre et Moralès parfaits de Nicolas Rivenq et Ludovic Tézier, et la Micaëla très touchante d'Inva Mula, jusqu'au relativement plus décevant Thomas Hampson, un peu étriqué dans le rôle rutilant d'Escamillo.
Si le chur Les Eléments reste un peu en retrait, Michel Plasson dirige, avec un très grand souci de la vérité dramatique et une grande connaissance de tous les détails d'une uvre qu'il a beaucoup pratiquée, le toujours très somptueux Orchestre national du Capitole de Toulouse où a été réalisé cet enregistrement très recommandable de « Carmen ».
3 CD EMI Classics. DDD. Enregistrement : 2002. Durée : 2 h 38 min.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature