On a rarement vu un couple Carmen Don José aussi torride, scéniquement comme vocalement, que dans cette représentation du Royal Opera de Londres filmée en 2006 dans une mise en scène très sobre de Francesca Zambello, dirigée par Antonio Pappano. Elle, c'est l'Italienne Anna Caterina Antonacci, qui peut chanter le rôle avec de vraies couleurs de mezzo-soprano et une diction française impeccable. Lui, l'Allemand Jonas Kaufmann, ténor coqueluche du moment, avec un naturel dans la diction et un registre également coloré dans toute sa tessiture. Ajoutons qu'Ildebrando D'Arcangelo est un remarquable Escamillo et que si Norah Amsallem peine un peu en Micaëla, c'est, elle aussi, un vrai tempérament et pas la niaise que l'on en fait trop souvent. À acquérir d'urgence, la référence pour certainement beaucoup d'années à venir.
1 DVD Decca/Universal
« Les Diables de Loudun »
Le premier opéra du compositeur polonais Krzysztof Penderecki, « Die Teufel von Loudun », fut créé en 1969 à l'Opéra de Hambourg pendant le directorat de Rolf Liebermann. Inspiré par l'étude d'Aldous Huxley (comme le fut le film « Les Diables » de Ken Russell un an plus tard), le livret relate des faits réels ayant eu lieu en France au XVIIe siècle au sujet du prêtre Urbain Gandier, brûlé sur la place de Loudun sur l'accusation de sorcellerie et d'envoûtements de nonnes ursulines. Un film fut tourné quelques mois après la création avec la même formidable distribution dominée par Tatiana Troyanos, Hans Sotin, Andrzej Hiolski, sous la direction de Marek Janowski, permettant plus de force et d'effets qu'au théâtre. Une archive majeure d'un opéra ayant marqué la fin du XXe siècle. A connaître sans délais !
1 DVD Arthaus Musik (distr. Integral)
« Eugène Onéguine »
On tremble un peu au premier acte de cet « Eugène Onéguine » enregistré en public au Festival de Salzburg 2007. Le choix esthétique d'Andrea Breth, bien connue au théâtre en Allemagne, transposant dans la Russie des années 80 ce classique de Tchaïkovski d'après Pouchkine, ne convient guère aux scènes de genre chez Madame Larina. Mais au fur et à mesure qu'avance l'action et que les personnages prennent corps et substance, on est séduit par la qualité d'acteur de ces chanteurs, particulièrement l'Onéguine désespéré et jusqu'au-boutiste de Peter Mattei, la Tatiana d'Anna Samuil qui fait évoluer le personnage de façon saisissante et le très poétique Lenski de Joseph Kaiser. La direction de Daniel Barenboïm, à la tête des somptueux Wiener Philharmoniker, montre ce que Tchaïkovski doit à Verdi. Du drame, du romantisme à revendre malgré la transposition dans le temps et une grande soirée d'opéra.
1 DVD Deutsche Grammophon/ Unitel Classica
Elisabeth Schwarzkopf
Hommage très fourni au soprano allemand disparu avec des documents anciens en noir et blanc filmés à Londres, Bruxelles et Paris dans les années soixante, et un programme télévisé anglais de 1970 en couleur où elle chante (et parfois commente, avec un faux naturel exemplaire) les tubes de son répertoire du lied allemand, de Mozart à Wolf, suprêmement accompagnée au piano par l'inoubliable Gerald Moore.
1 DVD Classic archives Medici Arts
Et aussi :
Karajan encore et toujours avec deux enregistrements Unitel de musique religieuse. De Brahms, «Ein Deutsches Requiem», oeuvre qu'il a chérie et défendue tout au long de sa carrière. Ici la dernière mouture au Festival de Salzburg 1978 avec Gundula Janowitz et José Van Dam, les Berliner Philharmoniker et le Wiener Singverein, choeur dont Brahms avait été le directeur. La «Missa Solemnis», Festival de Pâques à Salzburg (1979), autre grand classique du répertoire du maestro autrichien, avec les mêmes forces (le premier violon des Berliner a des interventions surnaturelles) et le quatuor vocal Tomova-Sintow/Baldani/Van Dame/Tappy, est un autre moment miraculeux.
2 DVD Deutsche Grammophon/Unitel Classica
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