Caricature

Publié le 27/02/2012
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À proximité d’une élection centrale, chaque groupe de pression – les hôpitaux, les cliniques, l’industrie pharmaceutique… – avance ses propositions pour peser dans le débat électoral. Pour le meilleur et le pire. Chacun y va de ses avantages présumés. Les soins pour tous chez les hospitaliers, la bonne gestion dans les cliniques, l’innovation pour les industriels… Les arguments sont en général catégoriques et tout se mélange. Les divergences idéologiques traditionnelles pèsent moins que les questions d’intérêts corporatistes. Et quand les moyens manquent, le ton monte vite. On pourrait espérer que les plateformes de revendications que chaque groupe de pression présente permettraient de donner des idées à des hommes politiques qui en manquent et se préparent à gouverner. Mais la mauvaise foi domine.

Dans la santé, de ce point de vue, les visions sont caricaturales. Une poignée d’acteurs principaux se disputent de l’argent public, distribué par un État stratège mais aveugle, planificateur et centralisateur, comptable et dépensier, qui détient tous les leviers de commandes. Avec un ministère qui croit que l’on peut transformer la dispensation des soins, les productions de médicaments, les systèmes de contrôle des risques, les supports de formation ou d’information en un tournemain, un coup de menton et quelques décrets. Et tout cela se fait sous l’œil de citoyens déboussolés qui découvrent leur système de santé mal gouverné, dans une période de crise économique où le social est menacé par l’économie.

Les masques tombent, les façades se lézardent et les camps apparaissent irréconciliables.

L’esprit de coopération entre le public et privé se dissout au profit de la concurrence plus que de la convergence entre acteurs de santé. L’hospitalocentrisme renaît au détriment du partage des moyens et des responsabilités dans les régions. Les entreprises du secteur souffrent. On se met à rêver d’une presse aux ordres. Alors que dans la crise, tous sont à la même enseigne. Des salariés licenciés ou non remplacés partout. Des entreprises qui se retrouvent en quelques semaines dans le rouge. Et pendant ce temps-là, en terme de périnatalité, la France est passée au vingtième rang européen !

À cause de ses vieux démons de discorde et de réformes bâclées.

Pascal Maurel

Source : Décision Santé: 282