CHEZ LES ENFANTS brûlés à plus de 40 % de la surface corporelle, on constate : une diminution de la formation et de la résorption osseuses, une hypocalcémie, une hypercalciurie et une hypoparathyroïdie. Une équipe américaine a déjà mis en évidence chez ces enfants un déficit progressif en vitamine D : taux subnormal de 25-OHD3, puis chute du 1,25-diOHD3. La baisse de la densité osseuse est corrélée à la 25-OHD3.
Or on ne prescrit pas en routine de vitamine D à ces enfants au retour à domicile et on déconseille l'exposition au soleil pour éviter l'hyperpigmentation des cicatrices.
Néanmoins, ces enfants peuvent être déficients en vitamine D même s'ils s'exposent au soleil ; ce qui suggère que leur peau peut être incapable de synthétiser de la vitamine D3 à partir du précurseur, sous l'effet des UV. Il était nécessaire de le prouver ; tel était l'objet d'un travail publié dans le Lancet ».
La synthèse de vitamine D au niveau de la peau.
Avant d'analyser ce travail, un court rappel sur la synthèse cutanée de vitamine D3 est nécessaire.
La provitamine D est le 7-déhydrocholestérol (7-DHC) synthétisé dans le foie à partir du cholestérol. Dans la peau, sous l'effet des UV solaires, le 7-DHC est transformé en prévitamine D, c'est-à-dire en cholécalciférol, qui est rapidement isomérisé en vitamine D3. Celle-ci, pour être active, doit subir deux hydroxylations successives : une première, par une 25 hydroxylase, au niveau du foie, d'où le 25-OHD3, puis une seconde par une 1 alpha hydroxylase, au niveau du rein, d'où le 1,25-diOHD3.
Le nouveau travail, signé Gordon Klein et coll., a porté sur 7 garçons et 5 filles, brûlés en moyenne à 52 %, quatorze mois, en moyenne, après l'accident ; des biopsies sur zone cicatricielle et sur la peau adjacente ont été analysées. A titre comparatif, les auteurs ont étudié sept échantillons cutanés provenant de sujets sains : cinq prépuces de petits garçons et deux échantillons peropératoires de femmes adultes. Tous les échantillons cutanés ont été analysés après exposition aux rayons UVB.
Faible réponse aux UVB des échantillons cutanés.
Sans entrer dans les détails, dans les prélèvements des enfants brûlés, on a observé une réduction, par un facteur 5, de la transformation du 7-déhydrocholestérol en cholécalciférol (prévitamine D3). Par ailleurs, ces enfants avaient des taux sanguins faibles en 25-OHD3.
« Dans cette étude préliminaire, indiquent les auteurs, nous montrons qu'un déficit en vitamine D survient chez des enfants non supplémentés dès quatorze mois après la brûlure et que, malgré l'absence de contrôlé de l'exposition solaire, la conversion du 7-DHC en prévitamine D3 par les UV est perturbée non seulement dans la peau cicatricielle mais aussi dans la peau saine adjacente. »
« Nous émettons l'hypothèse que le tissu cicatriciel possède davantage de substance absorbant les UV, similaires à la mélanine et aux écrans solaires, et nous concluons que les patients brûlés devraient recevoir des suppléments de vitamine D. »
« Les résultats de cette étude ont d'importantes implications », estime un éditorialiste canadien, Dominique Garrel (Montréal).
Premièrement, les pathologies osseuses post-brûlures devraient être davantage explorées, chez l'enfant et l'adulte (il pourrait y avoir des exacerbations à la ménopause et chez les personnes âgées).
Deuxièmement, il faut étudier davantage le mécanisme de cette atteinte osseuse : une sécrétion parathyroïdienne anormale associée à une hypovitaminose D a déjà été décrite chez quelques patients âgés et le mécanisme pourrait être commun.
Etudier les conséquences sur les muscles.
Troisièmement, il faudrait aussi étudier les conséquences de la carence en vitamine D sur d'autres tissus que l'os. Par exemple, la faiblesse musculaire chronique, qui se voit souvent après les brûlures, pourrait y être rattachée.
Enfin se pose la question de la supplémentation en, vitamine D.
« The Lancet » du 24 janvier 2004, pp. 291-292 et 259-260.
La supplémentation des enfants, une étape logique
Nous l'avons dit, les enfants brûlés ne reçoivent pas en routine de la vitamine D lorsqu'ils rentrent à leur domicile.
Les données de la présente étude soulèvent la question de la supplémentation, en vitamine D des enfants brûlés. Peu d'aliments sont riches en vitamine D (lait enrichi et poissons gras) et il est donc peu probable qu'un régime compense le manque de production endogène. Bien que l'on ne sache pas si la supplémentation améliorera le statut osseux, elle constitue une première étape logique afin de retrouver une masse osseuse optimale et de prévenir l'ostéoporose chez ces patients. Enfin se pose la question de la supplémentation en, vitamine D des enfants. Peu d'aliments sont riches en vitamine D (lait enrichi et poissons gras) et il est donc peu probable qu'un régime compense le manque de production endogène. Bien que l'on ne sache pas si la supplémentation améliorera le statut osseux, elle constitue une première étape logique afin de retrouver une masse osseuse optimale et de prévenir l'ostéoporose chez ces patients.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature