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Ainsi donc de roman en roman depuis « la Place de l'Étoile », en 1968, on partage la quête de Patrick Modiano et on l'accompagne dans ses déambulations en tout genre. Il y a eu notamment « les Boulevards de ceinture » en 1972, « Villa Triste » en 1975, « Rue des boutiques obscures » en 1978, « Dimanches d'août » en 1986, « Voyage de noces » en 1990 « Dora Bruder » en 1997 et « la Petite Bijou » en 2001. Peut-on dire d'« Accident nocturne » qu'il s'agit d'une suite et fin ? Peut-être, car dans la droite ligne de « la Petite Bijou » - sauf qu'ici la narratrice a fait place à un narrateur - Patrick Modiano marche à nouveau dans les pas de son père, puis... il le laisse s'en aller. A chacun son chemin. Le prochain roman montrera si cela est possible.
En attendant, la quête se poursuit. Directement, celle de la conductrice d'une « Fiat vert d'eau » qui, une nuit, l'a renversé et blessé à la jambe alors qu'il traversait la place des Pyramides vers la Concorde. Avec son compagnon, un homme à la carrure imposante vêtu d'un pardessus, ils l'ont transporté dans une clinique et lorsqu'il est sorti de la torpeur où l'avait plongé l'éther, ils avaient disparu. Sur la fiche de police figure son nom, Jacqueline Beausergent, et une adresse. Mais ce n'est pas si simple et il lui faudra tout le temps du roman pour enfin la retrouver.
Un temps qui permet au narrateur de poursuivre sa vraie quête, celle de lui-même, de ses origines, de son histoire. Qui lui permet de mettre en ordre les pièces du puzzle que constitue son passé et qui font sa personnalité. Car l'accident est pour lui bénéfique, il agit non pas comme un électrochoc - la musique de Patrick Modiano est décidément à l'unisson des nocturnes de Chopin - mais lui permet de sortir de l'espèce de somnambulisme où il était.
C'est ainsi que défilent et s'entrecroisent des souvenirs, des noms, des anecdotes qui chacun renvoient à une période différente du passé par un effet de ricochet que l'auteur pourrait poursuivre à l'infini car sa mémoire - ou son imagination - semble un gouffre sans fond.
Mais ici, et c'est cela qui est nouveau avec Modiano, la boucle semble bouclée et si les événements relatés datent du début des années 1960, alors que le narrateur-auteur était un tout jeune homme, la dernière scène, lorsqu'il retrouve enfin l'inconnue de la voiture, est une ouverture sur l'avenir et des promesses de bonheur. Nous voilà rassurés.
Editions Gallimard, 148 p., 15 euros
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