TOURISME
Quelques minutes avant le coucher du soleil, les façades de Mindelo prennent les reflets dorés d'un miroir aux mille facettes. Du sommet du Miradouro, la capitale de São Vicente s'embrase avec des accents irréels. Cette ville, qui était sur la route des grandes croisières intercontinentales, a conservé de beaux bâtiments inspirés par les Portugais et les Britanniques. Mais elle est avant tout « la salle des fêtes des Cap-Verdiens ». Les nuits d'août à la Baia das Gatas sont immenses. Des musiciens venus du Brésil et d'Afrique distillent des sons qui réveillent toute la nostalgie des terres lointaines et des adieux déchirants. Il est probable que le fado a été inventé ici avant de devenir la mélodie emblématique du Portugal. Cesaria Evora est née en 1941 dans une petite maison de la vieille ville.
Un bateau surchargé de marchandises traverse en une heure le bras de mer qui sépare Mindelo de Santo Antão. Cette île est vertigineuse. Vallées encaissées et hautes montagnes sont le paradis des randonneurs. Une route pavée traverse l'île de part en part, escalade les pics et s'accroche aux reliefs : un travail de titan achevé par les Portugais quelques années avant l'indépendance.
L'histoire a fait connaître l'archipel en 1460 avec l'arrivée des Portugais qui ont installé sur ces terres inhabitées la première colonie européenne d'outre-mer. On lui donna alors ce nom si peu approprié en raison de sa position géographique face au cap Vert du Sénégal. Il est possible, comme en attesteraient quelques peintures rupestres, que l'archipel ait été peuplé par des civilisations très anciennes. Au nord-ouest de São Nicolau, une île crevassée avec ses plages de sables noirs et son volcan sans cratère, on a découvert, non loin de Ribeira Prata, une mystérieuse inscription martelée sur la roche qui provient peut-être de navigateurs arabes débarqués au VIIe siècle. Quoi qu'il en soit, l'archipel est né d'un artifice historique pour les besoins de la traite.
Santiago est la plus grande terre du Cap-Vert. Elle a été pillée par l'abominable Francis Drake en 1585. À quelques kilomètres de la capitale Praia, la Cidade Velha est dominée par un vieux fort construit par les Portugais au XVe siècle. Il a été très largement remanié pour être digne d'être inscrit au Patrimoine mondial. « La première ville de la première île de la première colonie » a conservé le pelunriho où se déroulait jadis le marché aux esclaves, les ruines d'une cathédrale et les façades baroques de la maison du gouverneur. Ailleurs, des roches noires, une terre rouge et des rayons bruns.
Puisque cet archipel est né de cataclysmes volcaniques, toutes les îles en portent les traces. Fogo est simplement une île-volcan. Les dernières éruptions du Pico do Fogo datent de 1995. De longues coulées à peine figées dégringolent dans la mer. Il arrive que de petits tremblements de terre, qu'on appelle gentiment les tremolos, viennent rappeler quelques mauvaises humeurs venues du cur de la Terre. Le paysage est noir avec les reflets gris de l'anthracite. Parfois, une plante bien verte effrontée et gracieuse surgit par miracle de la lave.
Découverte, comme son nom l'indique, au mois de mai, l'île-désert de Maio reçoit les tempêtes de sable venues du Sahara. On a planté six cent cinquante hectares d'acacias du Brésil pour lutter contre la désertification. Maio est cernée par de grandes étendues de sable blanc ponctuées de petits villages tranquilles.
Tout comme sa voisine Boavista, que l'on compare volontiers à un mirage surgi de la mer. Cette dernière était régulièrement attaquée par les pirates jusqu'au début du XIXe siècle. Mais aujourd'hui, elle attire surtout les pêcheurs en haute mer. Les plongeurs s'adonnent au tourisme sous-marin en évoluant au milieu d'un cimetière de navires naufragés : on raconte que les capitaines malchanceux s'égaraient à cause du rayonnement magnétique du Monte Negro qui fait varier les compas de 3 degrés. Une succession de dunes nonchalantes viennent lécher ses eaux turquoise. La plage de Santa Maria est la plus grande et la plus belle de l'archipel, mais elle se mérite. Depuis Sal-Rei, il faut traverser en 4 X 4, avec eau et provisions, le mont Saint Antoine puis le village perdu de Povoaçao Velha et, enfin, un long désert sec et caillouteux pour atteindre la mer.
Sal est l'île du sel et du vent. C'est aussi la porte du Cap-Vert. Un grand aéroport international déroule sa piste sur un sol de lave. Jusqu'au milieu du siècle dernier, les Salins du Midi récoltait l'or blanc dans le cratère de Pedra Lume. Désormais abandonnées comme une ville fantôme de western, les salines sont la seule attraction touristique de cette terre austère. L'île est plate comme un atoll. Quelques cônes volcaniques ébauchent un curieux paysage lunaire. C'est le rendez-vous des passionnés de surf et des championnats de planche à voile. Il paraît que la faible amplitude des vagues et la constance d'une brise légère dans la baie de Santa Maria sont uniques au monde.
Ainsi, on vient au Cap-Vert pour voir la mer ; on y reste pour sa terre : rude, aride, chaleureuse et sensuelle. Les îles de la soif et les paysages lunaires opèrent cette sorte de magie particulière à laquelle on pense parfois en évoquant la beauté du diable.
Pour partir
TRANSPORTS :
Deux vols directs Paris-Sal par semaine (lundi et vendredi) sur la compagnie TACV Cabo Verde Airlines, à partir de 572 euros. Dessertes quotidiennes pour les différentes îles de l'archipel (entre 15 et 40 minutes de vol). L'Air-Pass TACV, conçu pour les passagers des lignes internationales, est valable entre 15 et 21 jours. Le prix de ce forfait (50 % moins cher que le tarif) varie entre 120 euros (2 coupons) et 200 euros (5 coupons).
FORMALITES :
Passeport en cours de validité et visa délivré par le consulat.
MONNAIE :
1 euro = environ 110 escudos cap-verdiens.
HORAIRES :
- 2 heures avec la France en hiver ; - 3 heures en été.
RESTAURANTS :
La cuisine locale, très calquée sur la gastronomie portugaise, offre quelques variantes exotiques comme la cachupa, sorte de pot au feu à base de maïs, de légumes et de viande. Partout, poissons frais et langoustes selon la saison. Le « Sodade », à São Vicente, est l'un des meilleurs restaurants de l'archipel (environ 25 euros par personne) ; le restaurant de la pousada Pedra Brado, admirablement situé au pied du volcan de Fogo, propose une cuisine agréable à base de produits de l'île (15-20 euros par personne) ; « Chez Luisette », à Ponta do Sol (Santo Antão), des poissons du jour en provenance du port, soupes et légumes de l'île (16 euros par personne).
SEJOURS :
- Autre Mer Voyages (04.91.33.77.75) propose des séjours balnéaires à Sal et à Boavista avec vol A/R + 6 nuits à l'hôtel Morabeza, à partir de 915 euros et des itinéraires d'île en île (une ou deux semaines) comprenant le vol A/R, les vols inter-îles, les hôtels et les excursions à partir de 1 045 euros Paris/Paris. Tél. : 04.91.33.77.75.
- Terres d'Aventure (0825.847.800) propose des randonnées-rencontres sur l'ile de Boa Vista de 9 jours (5 jours de marche), à partir de 1 350 euros Paris/Paris en pension complète.
A LIRE :
Le Guide Découverte Cap-Vert (Editions Olizane).
RENSEIGNEMENTS :
- Consulat du Cap-Vert, 80, rue Jouffroy-d'Abbans, 75017 Paris. Tél. : 0145.0347.20.
En l'absence d'Office de tourisme, la compagnie TACV assure la promotion du Cap-Vert : TACV, 101, rue de Prony, 75017 Paris. Tél. : 01.56.79.13.13.
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