Le dernier recensement fait état de 1 100 073 de personnes relevant de la fonction publique hospitalière dont 997 097 pour les seuls hôpitaux dans lesquelles exercent 280 000 infirmiers. L’effectif de cette profession a d’ailleurs augmenté de 2,6 % par an au cours de ces vingt dernières années. Pour autant, le sentiment de pénurie demeure à l’hôpital comme ailleurs. Modalités de départ à la retraite défavorables, quotas de formation insuffisants, manque d’attrait pour la profession ? Difficile de faire la part des choses. Les projections de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) chiffrent plusieurs hypothèses prenant en compte ou pas la réforme des retraites, le changement de catégorie statutaire des infirmiers salariés de l’hôpital public et la variation du quota national de formation. Résultat : les combinaisons les plus favorables conduisent à une augmentation de l’effectif de 4 % à l’horizon 2030.
S’agissant des cessations d’activité chez les infirmiers, le décret du 29 septembre 2010 complète la loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites. Il précise qu’à partir de 2012, tous les infirmiers nouvellement diplômés seront en catégorie A sédentaire et de ce fait, qu’ils ne pourront liquider leur retraite qu’après 60 ans contre 55 pour la catégorie B dont ils relevaient jusqu’alors. Pour ceux en activité, le choix est optionnel et définitif : durée de carrière prolongée moyennant une rémunération plus intéressante en catégorie A ou maintien des conditions actuelles. « À ce stade, il est encore trop tôt pour avoir un retour et connaître l’impact de ce choix sur la démographie infirmière à l’hôpital », constate la Fédération hospitalière de France (FHF).
Les contrats de cliniciens peinent à trouver preneurs
Du côté des médecins, les difficultés de recrutement concernent certaines spécialités (radiologie, anesthésie-réanimation...) plus que d’autres. Pour tenter d’y remédier, le législateur a introduit avec la loi HPST, le contrat de clinicien dans l’optique de faciliter la contractualisation concernant des emplois présentant une difficulté particulière (technicité spécifique, mission particulière à caractère non pérenne, maintien ou renforcement d’activité publique). À ne pas confondre avec les contrats de participation des professionnels de santé aux missions des établissements publics de santé, ouverts, cette fois, aux médecins, sages-femmes et odontologistes d’exercice libéral qui viennent travailler à l’hôpital et qui, eux aussi, démarrent tout juste. L’autorisation de tels contrats relève des agences régionales de santé qui font état de situations extrêmement disparates. Ainsi, une vingtaine de contrats de cliniciens ont-ils été signés en Rhône-Alpes où, selon Marie-Christine Alamo-Boccoz, directrice adjointe du service efficience de l’offre de soins, « il s’agit d’outils dérogatoires uniquement destinés à résoudre des situations spécifiques. La vigilance et la concertation entre établissements s’imposent pour ne pas créer de discorde sur un territoire ». En Île-de-France, aucun des quatre contrats de clinicien proposés à deux établissements n’a trouvé preneur. « En réalité, reconnaît-on à l'ARS francilienne, les contrats de clinicien ont pour l’instant servi à régler des situations individuelles de médecins dans l’attente de l’obtention de leur statut de praticien hospitalier. »
Accompagner la réorganisation hospitalière
Pour les directeurs d’hôpitaux, l’heure est à la réduction des effectifs. Le Centre national de gestion (CNG) recensait 3 379 directeurs d’hôpitaux en 2011, soit 209 de moins qu’en 2009. De fait, le solde des entrées-sorties au sein du corps est négatif. Plus de 60 % ont plus de 50 ans et approchent à grands pas de la retraite. Autre signe éloquent : à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) chargée de former les directeurs d’hôpitaux, la taille des promotions baisse d’année en année. Des 60 places offertes en 2008, il n’en reste que 40. « La tendance s’explique par une volonté de resserrer la fonction de direction sur ses missions stratégiques et managériales, tout en faisant évoluer le corps pour accompagner la réorganisation hospitalière selon les enjeux de la loi HPST », analyse Philippe Marin, responsable de la filière. Sur le terrain, les responsabilités qui incombent aux trois corps de direction de la fonction publique hospitalière (directeur d’hôpital, directeur des soins et directeur d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux) ne diminuent pas, loin s’en faut. Dans ce contexte, la récente mise en place de la prime de fonction et de résultats (PFR) apparaît comme une forme de reconnaissance et de récompense valorisant financièrement et individuellement les fonctions exercées et les résultats obtenus. Reste à savoir si ce genre de compensations financières suffira à éviter un effondrement des corps.
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