De notre correspondante
« Ce n'est pas tant la consommation que le risque de trafic qui préoccupe les établissements scolaires, souligne Nicole Maestracci, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et les toxicomanies (MILDT). L'usage du cannabis n'induit pas de violence spécifique à l'école. En revanche, il peut mettre les jeunes en contact avec d'autres typesde délinquance. »
Peu d'établissements échappent au problème : d'après l'enquête réalisée chaque année en milieu scolaire, plus de la moitié des garçons de 16 ans ont fumé plus de dix fois du cannabis dans leur vie. « Cette généralisation ne signifie pas pour autant qu'il faille accepter, souligne le recteur de l'académie de Lille Jean-Claude Fortier. Mais le domaine est sensible, et le rôle de l'école très délicat. »
Les équipes éducatives sont peu préparées à aborder ces questions. « Il est difficile de parler de manière scientifique d'un problème encore trop souvent posé de façon manichéenne », remarque le Dr Marc Valleur, psychiatre au centre Marmottan, à Paris. Parmi les différentes drogues, le cannabis occupe une place particulière. L'interdit qui plane sur sa consommation en fait un moyen de transgresser les règles. D'où son attrait auprès des adolescents. Cependant, sa consommation s'est tellement généralisée qu'elle ne représente plus la même signification de franchissement de ligne qu'une piqûre d'héroïne, par exemple. Aujourd'hui, fumer un joint n'est plus vécu comme une prise de risque. » En revanche, sa dimension d'intégration au groupe subsiste : « Planer est un apprentissage qui se fait en bande. Le jeune est initié par les autres », souligne le Dr Marc Valleur.
Autre paradoxe : le potentiel addictif du cannabis est beaucoup plus faible que celui d'autres produits pourtant licites. 10 % des consommateurs occasionnels d'alcool et 60 % des fumeurs deviennent dépendants. Pour le cannabis, ce chiffre ne dépasse pas 5,4 %. « En fait, ce qui pose problème, c'est l'abus de cannabis et non pas la dépendance, note le Dr Valleur, ainsi que les multiconsommations qui motivent la plupart des consultations dans notre centre. »
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