Les médecins de l'hôpital de Besançon ont annoncé que trois patients sont décédés après leur admission aux urgences les 12 et 13 juin, en raison d'une déshydratation attribuée à un coup de chaleur. Dans le département du Doubs, les température ont avoisiné les 35 °C pendant plusieurs jours d'affilée. Les trois personnes décédées appartenaient à des groupes de patients à risque : un sans-domicile-fixe alcoolique, un cardiaque et une personne âgée.
« Le diagnostic du coup de chaleur repose sur l'association de trois critères cliniques et anamnésiques simples : une hyperthermie, une altération des fonctions neurologiques et des antécédents d'exposition à une atmosphère chaude et généralement humide », explique au « Quotidien » le Dr Pierre Benatia, responsable du SAMU et des urgences au CHU de Montpellier. On en décrit classiquement deux types : les « coups de chaleur non exceptionnels », qui surviennent à la suite d'une exposition à une atmosphère chaude et humide, et les « coups de chaleur exceptionnels », qui surviennent à la suite d'un exercice musculaire intense dans des conditions de température qui peuvent être plus modérées. « L'hyperthermie centrale survient lorsque le gain de température - endogène ou exogène - dépasse les mécanismes de dissipation de la chaleur qui sont régulés par l'hypothalamus. Cliniquement, ce tableau se traduit par une défaillance multiviscérale qui peut mettre en cause le pronostic vital », poursuit le Dr Benatia.
Réseau de thermorégulation
La température centrale de l'organisme est maintenue dans les limites de la normale par un réseau nerveux de thermorégulation constitué de récepteurs thermosensitifs localisés au niveau de la peau et des muscles qui communiquent grâce à des neurones thermosensitifs jusqu'à un centre régulateur situé au niveau de la région préoptique de l'hypothalamus. Lorsque des signaux de chaleur lui parviennent, trois mécanismes distincts de contrôle de la température sont activés : une vasodilatation, une sudation et une diminution de la prédiction de chaleur endogène.
Au décours du coup de chaleur, ces mécanismes deviennent insuffisants pour maintenir la température corporelle dans les limites physiologiques.
Température à plus de 41°
« Cliniquement, le patient présente, outre une température très élevée (plus de 41 °C), des signes neurologiques (encéphalopathie, voire coma ou convulsions) et des signes cardio-vasculaires (tachycardie tachypnée, signes de choc) », explique le Dr Jean-Marie Berthezène, responsable du service d'hospitalisation des urgences au CHU de Montpellier. Les examens biologiques retrouvent généralement une alcalose respiratoire concomitamment à un acide métabolique, une hyperkaliémie, une hyperphosphatémie, une hypocalcémie, une acidose lactique. Des signes de rhabdmyolyse et d'insuffisance rénale peuvent accompagner ce tableau. L'évolution peut se faire - chez les personnes les plus fragiles - vers un syndrome de défaillance multiviscérale définie par l'association de signes neurologiques, hépatiques, hématologiques, respiratoires et rénaux.
Refroidissement
« Le traitement préhospitalier des coups de chaleur fait appel à une refroidissent externe (bain dans de l'eau froide ou combinaison d'aérosols d'eau froide et de ventilation). Il sera poursuivi à l'hopital où seront, en outre, mises en place une surveillance et une prise en charge des différentes manifestations cliniques (neurologiques, cardio-vasculaires, digestives, rénales et hématologiques) », explique le Dr Jacques Estorc, responsable du service d'hospitalisation au CHU de Nîmes.
Adopter le « régime méditerranéen »
Pour le Dr Pierre Benatia, « boissons abondantes, sieste, chapeau, vêtement clairs et ample, recherche de l'ombre et adaptation des efforts sont les piliers indispensables de la prévention du coup de chaleur ». Chez les enfants, les trajets en voiture et les promenades aux heures chaudes sont à redouter particulièrement. L'hydratation des tout-petits doit, dans ces conditions, être systématique et précéder l'apparition de la soif. Les personnes âgées doivent, elles aussi, être incitées à boire de façon régulière et à éviter tout effort physique inutile. « Enfin, les sportifs doivent adapter leur entraînement aux condition climatiques et pratiquer leur activité physique de façon préférentielle aux heures les plus fraîches (petit matin ou tard le soir) », conclut le Dr Berthezène.
Les solutés de réhydratation orale
Depuis le 5 juin, les solutés de réhydratation orale font désormais partie des produits et prestations remboursables. Ils constituent le traitement préventif et curatif de la déshydratation orale du nourrisson et du jeune enfant. Ces solutés se présentent sous la forme de sachets de poudre à diluer dans de l'eau minérale. Ils permettent de restaurer et de maintenir l'équilibre hydro-électrolytique et ils doivent être administrés à l'enfant au biberon ou au verre en petite quantité, fréquemment et régulièrement selon la soif.
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