C'est « le devoir de vérité » qui a conduit Jean-François Mattei à rendre immédiatement publique la première estimation de la surmortalité liée à la canicule. Selon l'Institut de veille sanitaire (InVS), il y a eu 11 435 décès supplémentaires du 1er au 15 août, chiffre confirmant l'extrapolation des Pompes funèbres générales.
Mais que recouvre ce chiffre global ? Des « inégalités régionales majeures », selon des médecins hospitaliers, l'Ile-de-France ayant été particulièrement touchée. La Coordination médicale hospitalière (CMH), pour qui il s'agit d'une « catastrophe sans précédent », s'interroge par exemple sur « les indications identitaires, comportant également les lieux de décès », dont disposerait au jour le jour le ministère de l'Intérieur, et qui n'ont « pas été rendues publiques de manière claire ».
De toute façon, le nombre de morts « va encore augmenter », répètent, à l'instar de Patrick Pelloux, le président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AMUHF), de nombreux spécialistes. Demandées par Jean-François Mattei pour la fin du mois de septembre, les conclusions de la mission confiée à Denis Hémon et Eric Jougla, de l'INSERM, devraient offrir un bilan plus complet.
Des mesures urgentissimes
Quels que soient les chiffres précis, « maintenant, on attend les décisions », selon les termes de Rachel Bocher, la présidente de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH). « On ne peut plus, après un tel constat, nier qu'il faille prendre des mesures urgentissimes, c'est-à-dire indépendantes du plan plus général qu'annoncera le Premier ministre en octobre », renchérit Luc Broussy, le délégué général du syndicat des maisons de retraites privées (SYNERPA). « Je ne vois pas comment » le président de la République et le Premier ministre « ne pourront pas être obligés de faire des arbitrages extrêmement courageux : ils y sont éthiquement obligés », ajoute Pascal Champvert, le président de l'Association des directeurs d'établissements pour personnes âgées (ADEHPA).
Un Premier ministre qui estime que la canicule a été une « terrible épreuve » pour le pays, « mais aussi » pour le gouvernement.
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