D EUX équipes américaines ont réussi à synthétiser une enzyme superoxyde dismutase (SOD) qui mime les effets catalytiques de la SOD naturelle. Cette SOD synthétique a, en effet, la capacité de détruire les radicaux libres en excès, dont les effets délétères dans de nombreuses situations comme le cancer sont bien connus.
Les travaux, dirigés par le Dr Samlowski (Salt Lake City) se sont portés sur les effets de l'enzyme chez l'animal traité conjointement par interleukine 2 (IL2) à des stades avancés de différents cancers. L'immunothérapie par IL2 a un effet anticancéreux certain à fortes doses, par activation des cellules NK (Natural Killer), qui reconnaissent et détruisent un grand nombre de cancers. Mais l'administration de doses élevées d'IL2 à des stades avancés du cancer chez l'homme est sérieusement compromise par la survenue d'hypotension artérielle sévère, justifiant le séjour en réanimation.
La chute tensionnelle
Cette chute de pression artérielle est en rapport avec l'inactivation des catécholamines par une production excessive de radicaux libres, dont l'anion superoxyde. Connaissant les capacités de la SOD à détruire les radicaux libres en excès, les chercheurs ont émis l'hypothèse que l'administration de SOD synthétique pourrait s'opposer à la destruction des amines vasoactives secondaires au traitement par IL2, permettant ainsi de maintenir la pression artérielle. L'autre hypothèse des immunologistes était de s'opposer à l'inhibition des cellules NK par les anions superoxydes, avec, pour corollaire, un renforcement de l'activité antitumorale de l'IL2. Les travaux sur différents modèles animaux ont confirmé ce qui était pressenti : sur des tumeurs pulmonaires métastasées et des fibrosarcomes, le cotraitement par IL2/SOD a permis de restaurer le système de régulation vasculaire et a amélioré la survie des animaux. La moitié des souris cotraitées était encore en rémission complète 90 jours après l'implantation d'un fibrosarcome, alors que les souris uniquement traitées par IL2 ont survécu en moyenne 21 jours sans rémission.
« Le traitement combiné par SOD et IL2 a un potentiel énorme pour les maladies qui utilisent l'immunothérapie par cytokines. La SOD a une synergie d'action avec les propriétés anticancéreuses de l'IL2. » L'immunothérapie par IL2 est employée chez l'homme pour les cancers cutanés et rénaux à un stade avancé.
Travaux de Wolfram Samlowski (Salt Lake City, Utah) et Daniela Salvemini (MetaPhore Pharmaceutical, Saint Louis) à la 92e réunion de la Société américaine de recherche sur le cancer.
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