De notre correspondante
Pour le Pr Dominique Maraninchi, directeur de l'institut Paoli-Calmette de Marseille, il faut « passer de la pluridisciplinarité à l'interdisciplinarité » et la plupart des intervenants ont souhaité le développement d'une politique de réseau, en matière de cancérologie notamment. Les cancers demeurent l'une des principales préoccupations de la conférence régionale de santé (CRS) qui vient de se tenir à Toulon.
Les statistiques exploitées par l'Observatoire régional de la santé PACA montrent que, si le taux global reste comparable à celui de l'ensemble de la France, la région se distingue par une prévalence de cancers du poumon et des voies respiratoires, de la vessie, du sein, et des cancers colo-rectaux. Pour l'ensemble des cancers et notamment les deux derniers, la mortalité est toutefois inférieure à celle du reste de la France. Les participants à la CRS y voient le résultat des campagnes de dépistage menées dans la région et différents intervenants ont insisté sur la nécessité de les accentuer.
Parallèlement aux dépistages faits en cabinet et que les médecins libéraux sont venus défendre à la tribune (95 % des examens de dépistage sont prescrits en ville), les intervenants institutionnels ont insisté sur la nécessité des dépistages de masse. Car la moitié des cancers sont dépistés trop tard, à un stade où l'espérance de vie se limite à 40 %. Les mammographies et les frottis effectués en privé semblent l'être « toujours sur les mêmes personnes », celles qui consultent évidemment le plus.
Les campagnes de dépistage du cancer du sein déjà menées dans les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes et le Var ont démontré leur efficacité et ont même permis d'améliorer le niveau général des dépistages grâce à un meilleur contrôle des installations et à de meilleures lectures des clichés. Ces campagnes continuent toutefois à laisser à l'écart la moitié de la population ciblée : une étude, réalisée parmi les personnes qui ne se déplacent pas bien qu'elles aient été sollicitées, montre notamment qu'elles craignent la non-gratuité et une hiérarchisation des problèmes de santé qui ne laisse pas sa place à la prévention. D'où la nécessité, réaffirmée par les participants d'améliorer l'information et d'étendre les campagnes aux autres départements et aux autres cancers, celui du côlon notamment. Ce qui se met lentement en place mais continue à soulever des problèmes de financement.
Parallèlement au dépistage, la prise en charge des soins semble aussi être l'objet d'inégalités qui apparaissent plutôt ici d'ordre géographique. Le délai moyen entre un dépistage par mammographie et le premier acte de prise en charge est en moyenne de 40 jours et 15 % des patientes ne commencent à recevoir des soins qu'après deux mois, et on note de grandes disparités entre les villes ayant des services de cancérologie et les zones rurales.
Des solutions régionales
Tout en évoquant les principaux problèmes de santé de la région, les participants à la conférence PACA ont peu débattu entre eux et encore moins avec la salle, chacun se bornant au constat de la situation et à l'énumération des actions menées dans son propre domaine. Ceci expliquant cela, cette conférence était la dernière à se réunir dans la région. Le projet de loi de modernisation du système de santé prévoit d'autres formes de coordination au sein d'un futur conseil régional de santé (« le Quotidien » du 5 février). Le nouveau CRS devrait notamment être doté de moyens financiers pour mettre en uvre des politiques sanitaires et sociales concertées et devrait donc être plus efficace. Mais Henri Mercier, président du jury de la CRS, s'inquiète de ce que les instances politiques locales et régionales ne portent pas une attention suffisante à la mise en place de la concertation. « Les problèmes de santé doivent être pensés au plan national mais les solutions trouvées et appliquées au plan régional », insiste-t-il. Jean Coëtmeur, directeur régional des affaires sanitaires et sociales, pense lui aussi que c'est « au niveau d'un territoire » que l'on peut réfléchir et mettre en place des réponses en matière, par exemple, de formation initiale et continue du personnel sanitaire : « C'est sur place que doivent être notamment formées les aides-soignantes car elles ne vont pas aller travailler loin de chez elles. »
A travers les interventions, il est apparu que la région PACA, jugée surmédicalisée par les instances nationales et à laquelle on a donc « serré la vis », rencontre de plus en plus de difficultés pour répondre aux besoins croissants de santé, à cause de l'augmentation du nombre de personnes âgées notamment. Manque de personnel, manque de structures, manque d'adaptation de celles qui existent : PACA ne dispose par exemple que de 50 lits de soins palliatifs pour l'ensemble de la région, alors que les normes internationales en préconisent 50... par million d'habitant, et on connaît les « embouteillages » de personnes âgées dans les différents services d'urgences, faute de places appropriées vers lesquelles les diriger.
Les conférences régionales de santé auront eu au moins le mérite d'habituer les représentants des différentes parties prenantes de la santé à se retrouver régulièrement et à connaître leurs rôles et leurs points de vue respectifs. Il ne leur reste « plus qu'à » mettre sur pied ensemble les réponses adaptées.
Dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein dans les six départements de Provence-Alpes-Côte d'Azur, un appel à candidatures est lancé pour la constitution de structures de gestion.
Les dossiers de candidature sont à retirer auprès de la direction régionale des Affaires sanitaires et sociales (DRASS) ou des directions départementales (DDASS). Les candidature sont à retourner à la DRASS, Plan cancer, 23-25, rue Borde, 13285 Marseille Cedex 08, dans le délai d'un mois à compter de cette publication.
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