De notre envoyée spéciale
La mortalité liée aux cancers reste stable, constate le Pr C. Wagener (Hambourg, Allemagne). Il faut aller au-delà des traitements actuels.
La recherche privilégie le ciblage moléculaire centré sur des étapes clés des différentes voies de cancérisation. La cancérisation - qui n'est pas univoque - résulte à la fois d'une instabilité génétique et d'une accumulation de mutations. S'y ajoute le jeu des interactions entre facteurs tumoraux et micro-environnement tumoral qui génère des différences en termes de croissance, potentiel métastatique et résistance aux médicaments...
Les mutations successives et les altérations génétiques conduisant à la cancérisation peuvent emprunter des voies différant d'une tumeur à l'autre pour un cancer donné. Ainsi, l'inactivation du gène APC semble jouer un rôle essentiel et précoce dans la formation de 95 % des cancers colo-rectaux sporadiques, alors que les mutations KRas sont présentes dans une tumeur sur trois et celles de P53 dans la moitié des cas. D'où l'intérêt d'une caractérisation du profil génétique de la tumeur afin d'entreprendre des traitements fondés sur le ciblage moléculaire.
La détection des gènes mutés dans les sécrétions et les excrétions
La détection dans les sécrétions et les excrétions (selles, expectorations...) de gènes mutés est une perspective séduisante qui pourrait favoriser un diagnostic précoce de certains cancers.
L'avenir semble être au traitement personnalisé des cancers. Le Laboratoire Roche a développé des anticorps monoclonaux dirigés contre des protéines de surface exprimées par les cellules tumorales : Mabthéra dans le traitement des lymphomes non hodgkiniens (fixation sur la protéine CD20 des cellules B), Herceptin, en association avec une chimiothérapie, dans celui du cancer du sein métastatique lorsque la tumeur est le siège d'une surexpression de l'oncorécepteur Her 2 (de 25 à 30 % des cas). Fabriquée par génie génétique, Herceptin appartient à la famille des inhibiteurs de tyrosine kinase, très étudiés. Certains agissent en effet sur le facteur de croissance endothélial et visent à inhiber la néoangiogenèse tumorale, l'une des cibles thérapeutiques actuellement privilégiées.
Parallèlement apparaissent de nouveaux tests diagnostiques pour une prise en charge intégrée des cancers. L'utilisation de médicaments nouveaux dépendra des profils de réponse moléculaire des tumeurs évaluée grâce à ces nouveaux marqueurs (une série de marqueurs plutôt qu'un seul), d'où une meilleure stratification des patients recevant un traitement « sur mesure », une surveillance des récidives (diagnostic rapide et plus précoce), de l'évolution métastatique et de l'échappement thérapeutique.
Prévoir les réponses
Dès 1999, Roche a œuvré pour une prise en charge intégrée du cancer, souligne le Pr B. Portsmann (Allemagne). Des kits de recherche de biomarqueurs ont été sélectionnés afin de prévoir les réponses à Herceptin et à Xeloda (prodrogue métabolisée en 5-FU par des enzymes surexprimées dans la tumeur).
Un kit utilisant une nouvelle technique dite PET PCR permet une quantification et une amplification de gènes spécifiques au niveau de l'ADN (LightCycler Her-2-neu) dans des extraits de tissu tumoral inclus dans la paraffine. Des kits PET PCR pour les trois enzymes métabolisant Xeloda sont en cours d'évaluation clinique.
Penzberg (Allemagne), symposium au centre biotechnologique Roche.
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