De notre envoyée spéciale à San Francisco
• Chimiothérapie en fin de vie
Afin de déterminer la proportion de patients cancéreux recevant des chimiothérapies en fin de vie, et de mieux connaître leurs caractéristiques cliniques, une équipe d'oncologues de Boston a analysé les données de 7 919 certificats de décès par cancers établis dans cette ville en 1996. Ils ont choisi de s'intéresser à une population couverte par une assurance maladie (Medicare) dans laquelle, cette année là, 34 131 décès avaient été constatés. « Globalement, toutes pathologies néoplasiques confondues, 41 % des patients cancéreux avaient bénéficié d'une chimiothérapie au cours de leur dernière année de vie, 26 % au cours des six derniers mois et 14 % au cours des 30 derniers jours », explique le Dr Ezekiel Emanuel. Parmi ces sujets, le sexe masculin était le plus représenté, ainsi que les sujets les plus jeunes (54 % des 65-74 ans, contre 39 % des 75-84 ans).
Les oncologues ont aussi procédé à une analyse par pathologie. Ainsi, les personnes atteintes d'hémopathie ont bénéficié d'une chimiothérapie au cours des douze, trois et dernier mois dans respectivement 58, 45 et 28 % des cas. Ceux atteints de tumeurs solides ont pour leur part reçu ce type de traitement dans respectivement 36, 21 et 11 % des cas de cancer du poumon, 41 %, 25 % et 13 % des cas de cancer du sein et 38 %, 27 % et 14 % dans les cas d'atteinte pancréatique. Pourtant, on sait que si les cancers du sein, du côlon et de l'ovaire sont chimiosensibles, ceux du pancréas, du rein, les carcinomes hépatocellulaires et les mélanomes sont, pour leur part, chimiorésistants.
« Si l'utilisation de chimiothérapies dans le cadre de cancers chimiosensibles peut permettre, en fin de vie, de diminuer la taille de la tumeur et, de ce fait, se conçoit dans une optique palliative, il est à l'inverse difficile de justifier ce type de traitement chez des patients présentant des tumeurs chimiorésistantes », analyse le Dr Emanuel. « Les résultats de cette étude, qui ont mis en évidence une proportion d'utilisation des chimiothérapies identiques, que les tumeurs soient chimiosensibles ou résistantes, tendent à mettre en lumière la surutilisation de ce type de traitement en fin de vie. »
Enfin, savoir si la prescription de chimiothérapies correspondait à une demande du patient ou de la famille, ou si elle correspond à une difficulté du médecin à admettre l'inéluctable, est difficile à estimer dans cette étude.
• Marijuana et anorexie tumoro-induite
Afin de déterminer si les dérivés de marijuana approuvés par la FDA chez les patients atteints par le VIH stimulent aussi l'appétit des sujets cancéreux, un groupe de chercheurs en oncologie a mis en place une étude sur 469 personnes atteintes de néoplasies. Elles ont été randomisées pour recevoir soit le traitement habituel de l'anorexie tumoro-induite, de l'acétate de mégestrol 800 mg/j, soit du dronabinol (comprimés à 2,5 mg), soit enfin une combinaison de ces deux traitements.
Pour être inclus dans l'étude, les cancéreux devaient avoir perdu au moins 2,5 kg au cours des deux derniers mois ou manger moins de 20 calories par kilo de poids. Cet essai de phase III a inclus des patients présentant tous les types de néoplasies à un stade avancé, à l'exception de ceux atteints par des cancers du sein, les tumeurs gynécologiques ou cérébrales.
A l'issue d'un suivi de deux mois, les patients utilisant l'acétate de mégestrol ont significativement augmenté leurs prises alimentaires par rapport au groupe dronabinol (73 % contre 47 %), et leur poids a suivi la même tendance (gain de 10 % du poids initial dans 13 %, contre 5 % des cas). La combinaison des deux traitements ne s'est pas révélée supérieure à l'utilisation exclusive d'acétate de mégestrol. « Si, en se basant sur le résultat d'études précédentes, nous nous attendions à constater une difficulté à la concentration chez les sujets sous dronabinol, il n'en a rien été et la toxicité a été tout à fait superposable dans les trois groupes », explique le Dr Aminah Jatoi (Mayo Clinic, Rochester).
• Davantage de divorces chez les patientes cancéreuses
L'irruption d'une pathologie gravissime dans un couple crée des tensions et peut même mener à un divorce, situation dont l'impact sur la qualité de vie est maintenant bien connu. Afin de mieux évaluer cette donnée chez les patients cancéreux, le Dr Michael Glantz (Massachusetts) a procédé à une étude comparative des taux de séparation et de divorces chez des sujets atteints de tumeurs cérébrales (gliomes), de pathologies neurologiques chroniques (sclérose en plaques) et d'autres types de cancers (sein, poumon, lymphomes...). Au moment du diagnostic de tumeur cérébrale, 183 des 259 patients étaient mariés. Entre le diagnostic et le décès du patient, 17 couples - dont 14 chez qui le malade était l'épouse - ont divorcé. Des facteurs de risque clinique de séparation ont pu être déterminés : localisation frontale de la tumeur et jeune âge du couple. Chez les 107 patients consécutifs, vivant maritalement, atteints de sclérose en plaques, 26 (dont 25 femmes) ont divorcé. Enfin, chez les 172 patients atteints d'autres types de cancers, 9 (dont 7 femmes) ont divorcé.
« Nous avons été surpris par ce taux anormalement élevé de divorces chez les patientes atteintes de tumeurs cérébrales », rapporte le Dr Michael Glantz. En effet, la durée d'évolution de cette affection, à partir du moment du diagnostic, est généralement d'un an, alors que dans les deux autres groupes de patients étudiés, elle est nettement plus longue, pouvant aller jusqu'à une dizaine d'années.
« Le résultat que nous avons obtenu suggère que les partenaires masculins n'apportent pas, dans cette pathologie, le soutien auquel on pourrait s'attendre », continue le Dr Glantz. Pour le neuro-oncologiste, « en raison du stress lié à toute séparation de couple et de l'impact sur la qualité de vie, il semble nécessaire de mettre en place des structures d'accompagnement des couples dont l'un des membres est atteint de tumeur cérébrale ».
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